Chaque fois que je mets les pieds en Belgique, je porte attention au français qu’on y parle. De tous les belgicismes, le plus savoureux est sans contredit le remplacement du verbe pouvoir par le verbe savoir dans plusieurs phrases.
Je vous ai déjà fait part de mon amour pour la Belgique. J’y vais souvent. J’y ai plein d’amis et une belle-famille extraordinaire.
Le verbe savoir chez les Belges
Le phénomène «savoir = pouvoir» se produit surtout à l’oral. À l’écrit, on le dit plus rare. Certains croient qu’il s’agit d’un archaïsme, mais ce n’est pas tout à fait exact. En fait, ce sont les Belges francophones qui, en utilisant le verbe savoir pour remplacer pouvoir, assurent la survie d’un sens qui est tout à fait correct.
Des exemples? Autour de la table, un ami me demande «Martin, tu sais me passer le sel?». Bien sûr que je «sais» comment on fait pour soulever la salière et déplacer mon bras vers la gauche pour la lui tendre. Mais je dois évidemment comprendre qu’il me demande si je «peux» lui passer le sel.
Plus tard lors de ce même souper bien arrosé, une invitée fait une déclaration très lucide: «Dis, tu vas pouvoir me ramener parce qu’avec le vin, je saurai pas conduire.» Elle veut dire qu’il lui sera impossible de conduire. Ou qu’elle ne «pourra» pas conduire son véhicule.