Quand prononciation rime avec hésitation

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Publié 25/04/2006 par Martin Francoeur

Encore un bulletin de nouvelles qui m’a fait sursauter. Depuis quelques années, heureusement, je me rends compte que les bulletins télévisés, en plus de m’apporter ma dose quotidienne de nouvelles, deviennent une inépuisable source d’inspiration pour cette chronique.

Je me souviens d’avoir déjà abordé le sujet des anglicismes après avoir constaté quelques erreurs récurrentes dans les reportages ou les interventions en direct de certains journalistes de la télé. Je me souviens aussi d’avoir fait état de quelques constructions fautives et d’expressions erronées. Mais cette fois, c’est de la prononciation dont il sera question.

Quel a été l’élément déclencheur? Un journaliste qui, parlant des mesures que pourrait prendre le gouvernement fédéral pour réduire le prix de l’essence, évoquait la possibilité d’éliminer la TPS sur la taxe d’accise déjà incluse dans le prix de l’essence à la pompe. Le hic, c’est que le journaliste, pensant bien faire ou ayant en tête un autre mot, a parlé de la taxe d’accise en prononçant: «taxe d’assise».

En fouillant un peu, j’ai vite trouvé qu’il y avait bel et bien erreur. Le mot «accise», qui désigne au Canada et en Belgique (où l’on emploie le pluriel «accises») un impôt indirect touchant certains produits de consommation, dont les boissons alcoolisées, se prononce «ak-siz». En français, lorsqu’un mot commence par «acc», il peut y avoir deux prononciations différentes. Il faut alors s’en remettre à la lettre qui suit.

S’il s’agit d’un a, d’un o, d’un u ou d’une consonne, alors les deux c se prononcent k. Comme dans «accord», «accaparer», «accabler», ou encore «accumuler».

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En revanche, lorsque le trio de lettres « acc» est suivi d’un e,d’un i ou d’un y, on doit prononcer les deux c:  «ks». C’est le cas dans «accepter», «accident» et, je vous le donne en mille: «accise».Le site Internet de l’Office québécois de la langue française nous fournit cette brillante explication. On nous dit aussi que les deux prononciations de la combinaison «cc» existent non seulement pour les mots qui commencent par «acc-» mais aussi pour tous les mots qui comportent cet enchaînement de lettres: «impeccable», «coccinelle», «coccyx», «inoccupé», «occlusion» ou «succès», par exemple.

Il y a d’autres mots qui nous font hésiter quant à la prononciation. On n’a qu’à penser au mot «zoo», que certains prononcent «zou». Mais on doit bel et bien dire «zô», comme dans l’adjectif « zoologique ». Si «zoo» se prononçait «zou», alors on devrait dire «zoulogique», ce qui n’est évidemment pas le cas.

Dans la même foulée, il y a aussi le mot «clown» qui pose problème, surtout pour les personnes vivant dans un milieu anglophone. On sait qu’en anglais, le mot se prononce «kla-onn», ou quelque chose du genre. En français, la combinaison inhabituelle des lettres «ow» donne, dans le mot «clown», le son « ou ». On doit donc prononcer: «kloun».

Pourtant, la même combinaison de lettres, dans des mots anglais qui sont passés en français, peut donner un son «ô». C’est le cas dans «bow-window». Elle peut aussi se prononcer «a-o» comme dans «chow-chow ». Il existe même un amalgame des deux sonorités et c’est dans le mot «know-how» qu’on le retrouve.

Enfin, il arrive que l’on trébuche sur la prononciation du mot «yacht». Il ne faut pas s’en étonner. D’abord parce que sa graphie est particulière, et aussi parce que son origine néerlandaise le rend aussi complexe sur le plan de la prononciation.

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L’Office québécois de la langue française nous dit que la plupart des dictionnaires consignent la prononciation «iott». Le «ch» de «yacht» est donc muet, mais non le «t», et le «a» se prononce habituellement comme un «o» ouvert, comme dans «vote».Les prononciations «iak» et «iakt», autrefois prédominantes, seraient maintenant vieillies et on s’en remet maintenant à la prononciation à l’anglaise. Au Québec, on dit aussi «iatt».

Il arrive fréquemment que la complexité de la langue française nous apparaisse lorsqu’on doit l’écrire. Mais sournoisement, le français a aussi ses petits caprices à l’oral, ce qui rend la tâche encore plus lourde lorsqu’on a le souci de bien parler.

Auteur

  • Martin Francoeur

    Chroniqueur à l-express.ca sur la langue française. Éditorialiste au quotidien Le Nouvelliste de Trois-Rivières. Amateur de théâtre.

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