Quand l’Afrique rencontre les Premières Nations

Partagez
Tweetez
Envoyez

Publié 25/08/2009 par Khadija Chatar

Samedi dernier, un duo étonnant attendait le public du Centre Harbourfront. Africa Meets First Nations était, pour le moins qu’on puisse dire, une expérience unique pour le spectateur. Deux cultures des plus opposées se sont rencontrées pour un concert unique qui laisse encore un souvenir saisissant. Africa Meets First Nations était représenté par le Malgache Donné Roberts et les Autochtones Dave DeLeary, Marc Nadjiwan, la dynamique Jani Lauzon, Celina Carroll et Cheri Marcacle.

Dès les premières notes, qui révèlent une fusion rarement retrouvée chez des artistes, on s’aperçoit à quel point Autochtones et Malgaches peuvent se rapprocher musicalement.

Les similarités autant dans les tonalités que dans la structure musicale dégageaient une atmosphère des plus «naturelles».

Donné Roberts et Jani Lauzon, chacun chantant dans son propre dialecte, avaient une manière de s’accorder qui perturberait même le spectateur le plus concentré. Comment? Pour celles et ceux qui ne comprenaient pas un mot de malgache et encore moins la langue autochtone, il était en effet difficile de savoir qui chantait dans quelle langue.

Durant les deux heures qui ont enchanté le public, plusieurs flâneurs étaient attirés par les échos du concert et se laissaient tout simplement charmer par le groupe Africa Meets First Nations. Au point d’aller ensuite acheter l’album de Donné Roberts Rhytm Was Born et attendre la fin du concert pour avoir son autographe et sa petite photo avec les artistes.

Publicité

Donné Roberts qui a interprété plusieurs extraits de cet album, dont Malembo qui était accompagné par les cris d’oiseau, certainement, de Jani Lauzon nous transportait dans un autre univers. On s’imaginait déjà voler au-dessus d’une végétation qui s’étendrait à perte de vue comme à Madagascar.

Hira ‘n’ Taolo, une chanson que Donné Roberts décrivait comme celle de ses ancêtres villageois, était très symbolique de cette similarité entre les deux cultures. «C’est une chanson qui, il y a longtemps, réunissait tous les villages ensemble», lançait-il à la foule.

Collaboration originale

Après le concert, il nous apprend que les autres membres du groupe (les Autochtones) ont appris les paroles de Hira ‘n’ Taolo. «Ce sont des chanteurs à la base donc ils n’ont pas eu autant de difficultés», dit-il comme si cela allait de soi.

«En 2006, explique-t-il, j’ai fait un CD avec Dave DeLeary et Marc Nadjiwan, chanteurs pow-wow. On a collaboré sur le titre de Hira ‘n’ Taolo. Au début, je leur ai demandé juste de chanter à leur façon, ensuite je leur ai fait écouter des extraits de chants de villages à Madagascar. Comme moi, ils se sont aperçus de la grande ressemblance entre nos deux façons de chanter. C’était incroyable. Il y a une même manière, pas tout à fait exacte, mais une structure similaire, je dirais.»

Depuis, le groupe s’est agrandi avec l’arrivée de Jani Luzon, Cheri Maracle et Celina Carroll.

Publicité

Africa Meets First Nations planifie d’enregistrer un CD vu le succès qu’il rencontre partout où il va. «Nous avons été en tournée en Colombie-Britannique. En juin, nous avons donné un concert à la Distillerie et là nous nous préparons à notre prochain spectacle qui aura lieu dans pas longtemps, le 16 septembre au Lula Lounge», annonce-t-il.

Une famille de diplomates

Avant de s’installer à Toronto, il y a 10 ans de cela, le chanteur malgache a eu un parcours des plus éclectique. «J’ai commencé ma carrière de façon professionnelle en 1988. Je veux dire par là depuis que je fais des enregistrements et travaille en studio. Sinon, je donnais des concerts déjà bien avant.»

Issu d’une famille de diplomates, il a parcouru le monde. L’un des pays qui l’a marqué le plus est certainement la Russie. «J’ai passé plusieurs années de ma vie à Moscou.»

C’est une ville dont il garde de mémorables souvenirs, une culture et surtout une langue unique en son genre.

Ces expériences ont fait de lui ce qu’il est aujourd’hui, un chanteur aux identités diverses mais dont l’une lui reste très chère. Discrètement, il a su tisser et nourrir un cordon identitaire d’un Madagascar qu’il chérit et qui l’accompagne partout où il va.

Auteur

Partagez
Tweetez
Envoyez
Publicité

Pour la meilleur expérience sur ce site, veuillez activer Javascript dans votre navigateur