«On ne peut pas tourner une page avant de l’avoir lue.» C’est sur cette prémisse que débute le dernier film de Fadel Saleh, Vérité et réconciliation, produit par Médiatique. Plus de vingt commissions vérité et réconciliation ont été mises en place à travers le monde, destinées à faire toute la lumière sur les exactions, les tortures, les souffrances générées par des régimes le plus souvent dictatoriaux. La plus connue est sûrement la commission sud-africaine créée en 1993. Mais même si le film parle de cette commission sud-africaine ainsi que de celle qui devrait voir le jour au Canada au sujet des pensionnats autochtones, c’est sur l’instance équité et réconciliation marocaine mise en place en 2004 par le nouveau roi Mohammed VI que Fadel Saleh a choisi de poser sa caméra.
Il a ainsi suivi la démarche de Mohammed Brihmi, un citoyen franco-ontarien engagé, décidé à retourner dans son pays natal, le temps de retrouver un passé douloureux et de tourner la page.
Pour le réalisateur féru des questions d’identité, le sujet était passionnant: «De nombreux immigrants arrivent au Canada, avec leurs bagages, leur passé mais les gens d’ici ne savent pas à qui ils ont affaire. Quand j’ai su que cet homme avait une identité cachée, j’ai voulu que les Franco-Ontariens la connaissent.»
Au-delà de ce parcours marocain, le film lève aussi le voile sur la question des pensionnats autochtones, alors qu’une commission tente en ce moment de se mettre en place. «On retrouve le même aspect d’identité inconnue. Au bout du compte, une fois écartés les stéréotypes, que connaît-on vraiment des autochtones?»
Malgré les différences qui caractérisent les expériences sud-africaine, marocaine et autochtone, Fadel Saleh a réussi le tour de force de les fondre dans un ensemble cohérent, tout en racontant une histoire.