Pour plusieurs aînés, rien ne justifie la solitude en fin de vie

1re partie : Les services gériatriques forcés de revoir leur philosophie

Vue aérienne de la Maison McCulloch Hospice à Sudbury.
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Publié 15/05/2020 par Priscilla Pilon

La pandémie de CoViD-19 engendre de nombreuses complications pour tous, mais particulièrenent pour les aînés. Aux soins palliatifs ou en foyers de soins de longue durée, plusieurs personnes âgées doivent maintenant parcourir en solo le chemin de leurs derniers moments.

«Le risque d’attraper le coronavirus augmente leur anxiété, mais ce qui les affecte encore plus, c’est l’isolement et le manque de rapports avec la famille et les amis», expose la directrice des soins aux patients en services gériatriques de l’Hôpital de Sault-Ste-Marie, Victoria Aceti Chlebus.

Victoria Aceti Chlebus.

Les visiteurs apportent la joie

«Les installations d’habitations collectives, comme les maisons de soins de longue durée et les maisons de retraite, font ce qu’elles doivent faire: restreindre le nombre de visiteurs. Mais ces résidents dépendent des visiteurs qui sont leur joie», élabore la Dre Jo-Anne Clarke du Centre gériatrique spécialisé du Nord-Est de l’Ontario.

Dre Clarke est convaincue que les bienfaits qu’apportent les visites des membres de la famille et des fournisseurs de soins surpassent les conséquences du risque d’infection au virus.

«Leur présence réduit le taux d’hospitalisation et de mortalité. L’isolement social des temps présents crée donc une tout autre série de problèmes. On voit aussi un plus grand risque de dépression et les aînés deviennent plus faibles.»

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La Dre Jo-Anne Clarke.

Des mesures renforcées

Pour les services de soins palliatifs, où bon nombre des résidents sont des aînés, les directives de l’Agence de la santé publique du Canada viennent bouleverser le quotidien.

«Tout a changé quant à nos croyances et à notre philosophie. On voulait toujours rassembler la famille et les amis durant le dernier stade de la vie», avoue le directeur général de la Maison McCulloch Hospice à Sudbury, Gaston Lavigne.

En poste depuis le 27 janvier dernier, le dirigeant de la maison de soins palliatifs explique que les résidents ont seulement droit à un visiteur, et toujours le même. Cependant, à la toute fin, la Maison permet plus de visiteurs.

Gaston Lavigne.

Employés testés deux fois par jour

Ce ne sont toutefois pas tous les établissements qui permettent les visiteurs. À Extendicare, une maison de soins de longue durée à Sudbury, la politique est plus sévère.

«C’est le gouvernement qui a dit qu’on n’avait plus le droit d’avoir de visiteurs. Tous les employés doivent se faire vérifier deux fois par jour et on vérifie la température des résidents trois fois par jour», expose l’infirmière auxiliaire Nancy Bélanger.

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En plus de porter des masques, les employés doivent noter quelles chambres ils visitent au cours de la journée. De cette façon, les responsables savent exactement à quels résidents les employés ont rendu visite, au cas où le test d’un d’entre eux se révélait positif à la CoViD-19. Ce fut d’ailleurs le cas avec l’une des employées à temps partiel.

Nancy Bélanger.

Manger dans sa chambre

L’hôpital Lady Dunn de Wawa a aussi une aile de soins de longue durée et, de toute évidence, les mêmes consignes doivent être suivies à la lettre.

Les résidents doivent maintenant manger dans leur chambre. «Avant, ils mangeaient tous dans la salle à manger. Ils pouvaient être sept à une table et avoir des conversations. C’était leur moment de socialisation», explique Christina Guay, infirmière au Centre de santé Lady Dunn.

Les plus chanceux poursuivent leurs relations sociales à travers la grande fenêtre de la salle à manger. «Leurs familles vont venir à la fenêtre et ils vont se parler au téléphone. Mais certains ne comprennent pas ce qui se passe dans le monde et se demandent pourquoi ils ne peuvent pas rentrer», illustre Mme Guay.

Christina Guay.

À lire aussi dans l-express.ca : Ainés en fin de vie: des situations déchirantes

Auteur

  • Priscilla Pilon

    L’Initiative de journalisme local est financée par le gouvernement du Canada et gérée par l'Association de la presse francophone.

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