En 1989 Nancy Vickers écrivait son premier recueil de poésie, Au parfum du sommeil. Vingt ans plus tard, après dix contes et romans, elle revient à la poésie et signe Aeterna: le jardin des immortelles. Cette fois-ci, c’est un sommeil éternel qui hante ses textes. Les sculptures funéraires qui se dressent dans les cimetières («lieux où l’on dort» en grec) ont guidé les pas de l’auteure et la Mort est devenue sa Muse.
Nancy Vickers nous invite à pousser la grille d’Aeterna, à arpenter le jardin des immortelles et à prêter l’oreille aux voix oniriques, nostalgiques et chimériques d’êtres figées tantôt dans le marbre ou le granit, tantôt dans le reflet et la chaleur des mots. Chaque poème est en effet accompagné d’une sculpture: enfant, ange, veilleuse, pleureuse, etc.
L’auteure d’Ottawa manie et le mot et la lentille. Elle est photographe et poète. De tombe en tombe, elle a capté une centaine d’êtres immortels (son fils Karim Hussain en a croqué une vingtaine) et elle a laissé ces chapelles ardentes devenir des sources de mots. Exemple: «L’ange vespéral passe/À l’heure fauve/Où dans la fosse du jour/Le crépuscule se pose.»
Aeterna: le jardin des immortelles est un rendez-vous édifiant et tout à fait unique dans quelques-uns des plus beaux cimetières de l’Ontario et du Québec, y compris le Mount Pleasant Cemetery de Toronto. Les Éditions David ont veillé à donner à ce livre une des mises en page les plus élégantes. Les textes nous enivrent et nous avons, en plus, le bonheur de tenir entre nos mains un bijou finement ciselé.
L’Étonnant Destin de René Plourde