Pour plusieurs villes de l’Ontario, la violence conjugale est une «épidémie»

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Chance Faida, conseillère en appui transitoire et support au logement, en compagnie de Fatoumata Sankhon du CSCHN, à l’événement annuel du Mois de la prévention de la violence faite aux femmes, organisé par la coalition de WAWG. Photos: Nathalie Dufour-Séguin
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Publié 28/11/2023 par Nathalie Dufour Séguin

Selon Pamela Cross, au moins 72 municipalités, représentant 75% de la population de l’Ontario, ont déclaré que la violence conjugale était une «épidémie», et ce même si le gouvernement provincial a rejeté cette recommandation.

«Les communautés parlent du sujet plus que jamais, elles créent des comités et ont des discussions afin de trouver des solutions.»

Pamela Cross était la conférencière principale à l’événement annuel du Mois de la prévention de la violence faite aux femmes, organisé par la coalition de WAWG (Woman Abuse Working Group) le vendredi 24 novembre au Bridgeworks de Hamilton.

Mme Ross est une avocate féministe qui travaille comme chercheuse, écrivaine, éducatrice et formatrice auprès d’organisations pour l’égalité des femmes et contre la violence faite aux femmes à travers le Canada.

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Au micro: la conférencière principale, Pamela Cross, directrice de plaidoyer au Luke’s Place Support and Ressources Centre dans la région de Durham et membre du comité d’examen des décès liés à la violence familiale. Derrière elle: Erin Griver, directrice de Inasmuch house and Women’s Services à la Mission Services of Hamilton and Co-présidente de WAWG; Jessica Bonilla-Damptey, directrice du sexual assault Centre de Hamilton (SACHA) et co-présidente de WAWG.

Recommandation du coroner

En 2022, lors d’une enquête du coroner sur les décès de Nathalie Warmerdam, Carol Culleton et Anastasia Kuzyk dans le comté de Renfrew en 2015, le jury a formulé 86 recommandations visant à prévenir de futures tragédies.

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L’une des recommandations était que le gouvernement de l’Ontario déclare que la violence conjugale constitue une «épidémie». Cependant, le gouvernement de l’Ontario a récemment affirmé que «la violence conjugale ne serait pas considérée comme une épidémie, car il ne s’agit pas d’une maladie infectieuse ou transmissible».

«Lors de cette enquête, je me suis presque senti suffoquée par ma propre rage de savoir qu’on savait déjà ce que nous avions besoin de savoir pour éviter cette violence, mais qu’elle a quand même eu lieu», poursuit Mme Cross.

«Aujourd’hui, femmes, enfants et personnes genrées continuent d’être frappées, étranglées et agressées sexuellement souvent par des personnes qui disent les aimer.»

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Des info sur la violence faite aux femmes.

Un féminicide par semaine

30 féminicides au cours des 30 dernières semaines ont eu lieu à l’échelle de la province, selon l’organisme qui chapeaute les maisons pour femmes en détresse, l’Ontario Association of Interval & Transition Houses.

«Ces taux sont alarmants. La violence envers les femmes sous toutes ses formes continue d’augmenter de manière inquiétante. Nous craignons également que l’enjeu continue de s’aggraver à l’avenir si nous n’agissons pas maintenant.

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En cette semaine dédiée aux «16 jours d’activisme», les deux régions de Hamilton et Niagara ont conjointement déclaré que la violence entre partenaires intimes est une «épidémie».

Malgré les efforts individuels et collectifs, les ressources et services disponibles, le changement des lois, les femmes et les enfants continuent en majorité, à perdre leur vie entre les mains des partenaires violents.

«On doit redoubler d’efforts pour éradiquer ce fléau qui touche toutes les couches de la société» commente Loubna Moric, directrice des programmes contre la violence faite aux femmes au Centre de santé communautaire Hamilton/Niagara.

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Sandy Shaw, députée NPD pour Hamilton Ouest-Ancaster-Dundas, Sheri Gilmour, Holly Doxtator et Monique Taylor, députée NPD pour Hamilton Mountain.

Financement des centres d’hébergement

Selon Monique Taylor, députée provinciale du Nouveau Parti Démocratique pour Hamilton Mountain, on aurait besoin de débloquer les fonds alors qu’il y a un gel du financement de base des centres d’hébergement depuis 15 ans.

«Ceux-ci ne devraient pas avoir à travailler si fort pour obtenir les moyens financiers dans le but d’assurer la sécurité et l’accessibilité aux victimes.»

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«On vient ici aujourd’hui pour retrouver le courage de continuer le travail, même si nous ressentons parfois du découragement dans les avancés du gouvernement», confie Sandy Shaw, députée, du NPD aussi, pour Hamilton Ouest-Ancaster-Dundas.

«Il est triste que les refuges doivent dépenser leurs énergies à trouver des fonds au lieu de se concentrer uniquement sur leurs efforts à aider les femmes et ce faute de financement adéquat», ajoute-t-elle.

Chant autochtone
Chant autochtone d’ouverture et de fermeture de la conférence, avec Holly Doxtator, Kristina et Sheri Gilmour.

Examen des décès liés à la violence familiale

En Ontario, le Bureau du coroner en chef a mis en place le comité d’examen des décès liés à la violence familiale. Ce comité est chargé d’examiner les circonstances entourant ces décès, et de formuler des recommandations pour prévenir de futurs décès dans des circonstances similaires.

«Comme membre de ce comité», nous partage Jeanne Françoise Mouè, directrice sortante de La Maison, le centre d’hébergement pour femmes francophones en détresse à Toronto, «j’apporte mon expérience et mes connaissances dans l’analyse des dossiers en tenant compte du contexte minoritaire. Je porte la voix des femmes francophones, des femmes immigrantes et des enfants tués afin d’informer les recommandations qui en résultent.»

«Nous avons l’occasion de réfléchir sur les tragédies silencieuses qui se déroulent dans nos foyers. Chaque décès est un rappel brutal de la nécessité d’agir, de créer des communautés sûres, de donner la voix à ceux qui souffrent en silence, et de construire un monde où la sécurité et le respect prévalent sur la violence.»

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«C’est notre devoir collectif de mettre fin à cette violence», ajoute Jeanne Françoise Mouè, «et de créer un avenir où aucune femme et aucun enfant n’ait à craindre pour sa vie.»

La campagne internationale des 16 jours d’activisme contre la violence à l’égard des femmes a débuté le 25 novembre, Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes. Elle se poursuit jusqu’au 10 décembre, Journée des droits de la personne.

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