Plume québécoise, inspiration japonaise

Partagez
Tweetez
Envoyez

Publié 10/05/2011 par Paul-François Sylvestre

Je ne connaissais pas Vincent Thibault avant de lire La Pureté. C’est pourtant son sixième livre. Il a écrit trois ouvrages de philosophie et de spiritualité, puis trois recueils de nouvelles. La Pureté comprend dix histoires qui auraient pu être écrites par un Japonais. C’est du moins le défi que Thibault a tenté de relever. Il a gagné son pari haut la main.

Voyageur amusé, sportif bohème, étudiant des maîtres tibétains, Vincent Thibault est un défenseur de ce qu’il conviendrait d’appeler l’optimisme éclairé.

Il a beaucoup réfléchi avant d’écrire. Ses histoires sont ponctuées de réflexions finement ciselées.

En voici une: «la disparition est unique, en ce qu’elle laisse place à l’imagination, cette maîtresse maligne».

Et une autre: «ceux qui s’ennuient trouvent parfois un étrange réconfort dans le caquetage ésotérique».

Publicité

À une ou deux exceptions près, l’action de ces histoires se passe au Japon, notamment à Tokyo, Kyushu, Honshu et Setagaya. L’auteur glisse, ici et là, quelques mots japonais, avec définition en bas de page.

Nous apprenons, par exemple, que le daimyo est un seigneur du Japon féodal, que le mah-jong est un jeu d’origine chinoise où l’on utilise des dominos appelés «tuiles» et que les kamis sont des divinités ou esprits qui veillent sur tous les éléments de la nature, qu’ils soient vivants, morts ou inanimés.

D’une histoire à l’autre, les situations se corsent ou deviennent plus cocasses.

Un vieillard trouve l’amour dans une vitrine… Une dent de requin préserve un souvenir d’enfance… Un homme est obsédé par un mystérieux grain noir…

D’une page à l’autre, la poésie jaillit du quotidien. Elle est faite d’étrangeté, de transparences et d’éblouissements soudains. De l’indicible surgit une force, une confiance tranquille.

Publicité

Dès les premières lignes, nous savons que le narrateur joue «avec une telle douceur que ses fausses notes n’en [sont] que plus émouvantes».

Mais c’est à la fin du recueil que nous découvrons l’identité réelle de ce narrateur, né au Japon, sur l’île d’Honshu.

«Lorsque j’eus vingt-deux ans, j’allai étudier au Vietnam où je reçus, trois ans plus tard, l’ordination monastique complète. J’ai toujours su me contenter de peu, mais la vie n’était pas très facile, là-bas, en particulier pour les religieux impliqués socialement. Je partis finalement m’installer au Canada.»

On devine qu’il a élu domicile à Québec, car il est question de la rue Père-Marquette, du chemin Sainte-Foy, de la côte Sherbrooke, de la rue Saint-Jean et de la côte Salaberry.

Selon l’éditeur, Vincent Thibault signe ici son œuvre la plus aboutie.

Publicité

«La Pureté aura de quoi réjouir les lecteurs d’Haruki Murakami et de Yoko Ogawa.»

Vincent Thibault, La Pureté, nouvelles, Sillery, Éditions du Septentrion, coll. Hamac, 2010, 152 pages, 17,95 $.

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

Partagez
Tweetez
Envoyez
Publicité

Pour la meilleur expérience sur ce site, veuillez activer Javascript dans votre navigateur