Plein feu sur quatre bonzes de l’art moderne au Québec

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Publié 20/05/2014 par Paul-François Sylvestre

Jean-Paul Riopelle, Alfred Pellan, Fernand Leduc et Jean-Paul Lemieux font figure de monuments dès qu’on parle du patrimoine artistique au Canada français. Pas étonnant alors que le Musée national des beaux-arts du Québec leur consacre chacun une salle dans le Pavillon Charles-Baillairgé. Les expositions sont permanentes, mais certaines œuvres sont parfois en prêt pour une courte période.

Riopelle

Trente-cinq œuvres de Jean-Paul Riopelle (1923-2002) sont présentées sous la thématique «métamorphoses»; elles incluent des tableaux, bronzes, lithographies et collages qui témoignent de l’extrême polyvalence de l’artiste et de sa soif inégalée de créer.

Le tableau Blanc, noir, vert et rouge striés de noir (1964) occupe une place de choix à côté d’œuvres comme Le Perroquet vert (1949) et Poussière de soleil (1954) en raison de la fougue qu’il dégage, la sensibilité qui y affleure et l’équilibre structurel qui l’anime.

D’où vient un titre comme Le Perroquet vert? Selon la guide que j’ai eue, Riopelle demandait souvent à sa fille de trois ans de nommer ses tableaux. Ne se considérant pas comme un artiste de l’abstrait, il aimait dire que l’inconscient guidait son pinceau.

Pellan

Alfred Pellan (1906-1988) a passé sa vie à désapprendre de sa formation classique pour s’ouvrir à la modernité, notamment au surréalisme, mais aussi au cubisme et au fauvisme. Alfred Pellan: le rêveur éveillé présente quelque 150 tableaux, dessins, estampes, peintures et sculptures.

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D’ici la fin juin, il est possible de voir Canada Est et Canada Ouest, deux tableaux d’Alfred Pellan, qui étaient accrochés sur les murs de la réception du ministère des Affaires étrangères, à Ottawa, et qui ont été remplacés par… un portrait de la reine Élisabeth II. Cette décision suscite des remous politiques, mais également artistiques.

Leduc

Fernand Leduc (1916-2014) est de loin de doyen de ces quatre monuments. Vingt-trois de ses tableaux sont présentés sous la thématique «peintre de lumière». L’artiste demeure à la fois connu et méconnu parce que son art est parfois (souvent?) hermétique. C’est sans doute le cas de ses microchromies (blanc nacré, rouge, rose syrien).

L’artiste aime éliminer toute notion d’image, même celles pouvant être suggérées par les formes géométriques en aplat. Vibrantes et baignées de lumière, ses œuvres savent envoûter autant que susciter la contemplation. Pour lui, la quête de lumière devient une célébration de la vie, une pure étude colorée du jour ou de la nuit.

Lemieux

Des quatre bonzes de l’art moderne au Québec, Jean-Paul Lemieux (1904-1990) demeure sans doute le plus connu. Le Musée national des beaux-arts du Québec possède près de cent œuvres, dont quarante-quatre peintures.

Son autoportrait Remembered (1910) évoque les étés de son enfance au Manoir Montmorency. Le nuage qui sépare son père et sa mère fait écho justement à leur séparation. L’œuvre a été vendue pour deux millions de dollars en 2011 (le prix de départ était 850 000 $ et l’acquisition reste confidentielle).

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Le dépouillement de ce tableau (et de plusieurs autres) n’est pas sans rappeler l’immensité de l’univers dans lequel chacun de nous cherche un sens. Le volet Lemieux s’intitule d’ailleurs «de silence et d’espace».

Au-delà des chemins particuliers empruntés par Riopelle, Pellan, Leduc et Lemieux, chacun de ces créateurs d’exception a joué un rôle majeur dans la définition de l’art moderne au Québec.

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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