Voyage au cœur de l’art populaire du Québec

Au Musée canadien des civilisations

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Publié 29/07/2008 par Paul-François Sylvestre

Le Musée canadien des civilisations à Ottawa propose un voyage à travers 400 ans de créativité grâce à 400 pièces d’art populaire, et tout ça pour célébrer le 400e anniversaire de Québec. L’exposition Du coq à l’âme – L’art populaire au Québec réunit une variété impressionnante de sculptures, de peintures, de tapis crochetés et de créations mixtes médias qui témoignent du talent des artistes en art populaire, d’hier à aujourd’hui.

«Contrairement à ce que l’on entend souvent dire, l’art populaire est loin d’être “naïf”», souligne Jean-François Blanchette, conservateur de l’exposition et spécialiste de la culture matérielle. «En plus d’être talentueux, les artistes en art populaire sont des personnes réfléchies et particulièrement bien branchées sur leur milieu. Leurs œuvres expriment à merveille toute l’âme d’une culture.»

L’art populaire est très diversifié et l’exposition en montre les multiples facettes. Les visiteurs seront impressionnés tant par la variété que la qualité des œuvres présentées: des sculptures d’animaux d’une finesse remarquable, une galerie de personnages sculptés avec humour, des maquettes témoignant d’un grand souci du détail, des peintures et des dessins, des objets du quotidien, une collection de tapis crochetés et des œuvres à caractère religieux, telles que des crèches et des crucifix.

L’exposition montre en quoi l’art populaire constitue un fidèle reflet de la société. Dans leur ensemble, les pièces réunies illustrent divers traits de caractère des Québécois… et certains de leurs paradoxes. On remarque, par exemple, comment le Québécois peut être à la fois profondément enraciné dans ses coutumes ancestrales et pleinement ancré dans une société plurielle. On le voit aussi bien fidèle au passé qu’ouvert au changement.

Le Québec compte des centaines d’artistes en art populaire, mais l’exposition braque ses projecteurs sur sept parmi les plus intéressants de l’heure. Ces artistes-vedettes ont été choisis pour de nombreuses raisons, dont leur talent, leur originalité et leur passion. Ensemble, ils représentent la grande richesse et la variété de l’art populaire au Québec.

Ils sont originaires de Roberval (Léon Bouchard), de Jonquière (Michel Fedak), de Saint-Joseph-de-Beauce (Clément Lessard), de Shawinigan (Raymond Massicotte), de Baie-Saint-Paul (Jacqueline Tremblay), de Chicoutimi (Michel Villeneuve) et de Navan-Gatineau (Fleurette Solomon).

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L’exposition présente donc une Franco-Ontarienne puisque Fleurette Solomon est née à Navan, dans l’Est ontarien. Mariée à l’âge de 16 ans, elle aura huit enfants, dont deux mourront de fibrose kystique.

Cette mère de famille milite longtemps en faveur de la recherche sur cette maladie, peu connue à l’époque. Un soir qu’elle soigne une de ses filles atteintes de fibrose kystique, elle trouve un exutoire dans la glaise. Elle construit tout un village d’antan et sculpte aussi des personnages qui présentent les métiers d’autrefois. Son personnage préféré est le songeur, une représentation de l’automne de la vie. 

«J’avais tellement d’oncles qui travaillaient le bois que je les ai tous représentés. Quand je les expose, les gens me disent: «Mon Dieu que vous avez de l’imagination!» Je leur réponds: «Ben non, je fais juste regarder ce qui est là!»»

L’exposition Du coq à l’âme est à l’affiche du Musée canadien des civilisations, à Gatineau, jusqu’au 22 mars 2009. La plupart des œuvres présentées proviennent du Musée, plus précisément de la collection de Nettie Covey Sharpe (1907-2002), l’une des plus grandes collectionneuses d’art populaire au Canada.

Mme Sharpe a légué au Musée sa magnifique collection d’art populaire québécois comprenant quelque 3000 pièces. Ce don a permis au Musée de constituer sans doute la plus riche collection du genre au pays.

Tête-à-tête

À quelques pas de ces 400 pièces d’art populaire, le visiteur est invité à un tête-à-tête avec vingt-sept personnalités canadiennes choisies parmi des milliers de possibilités. Connues ou méconnues, elles ont toutes contribué à façonner le Canada. Elles inaugurent l’exposition permanente Tête-à-tête qui évoluera au fil des ans, au fil des suggestions du public.

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Les personnalités sont groupées autour de cinq thèmes clés: Nous avons bâti, Nous avons gouverné, Nous avons combattu, Nous avons fondé, Nous avons inspiré. Il y a cinq personnalités par thématique, sauf pour Nous avons combattu, où Wolfe côtoie Montcalm et où il y a le couple Joseph et Mary Brant, en plus de trois autres Canadiens.

Voici deux exemples pour chacune des autres thématiques: John A. Macdonald et Jeanne Sauvé (Nous avons gouverné), Samuel de Champlain et l’architecte Francis Rattenbury (Nous avons bâti), Timothy Eaton et Alphonse Desjardins (Nous avons fondé), la romancière Gabrielle Roy et l’artiste Arthur Lismer (Nous avons inspiré). Au total, il y a 21 hommes et 6 femmes.

En parcourant cette exposition j’ai découvert que, au verso de notre billet de 20 $, figure une phrase écrite par Gabrielle Roy. Imprimée en très petits caractères, elle n’est pas facile à lire (vous ne l’avez probablement jamais remarquée). Voici le texte: «Nous connaîtrions-nous seulement un peu nous-mêmes, sans les arts?»

Cette citation est tirée du roman de Gabrielle Roy intitulé La montagne secrète, paru en 1961. Elle nous rappelle que les arts et la culture définissent qui nous sommes, ainsi que les croyances, les valeurs et les coutumes que nous avons en commun comme Canadiens.

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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