Laisser repousser la forêt est plus bénéfique que planter des arbres

Toronto, quartier East Danforth
La forêt du parc Merrill Bridge Road dans le quartier East Danforth à Toronto.
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Publié 01/08/2021 par Kathleen Couillard

Les gouvernements et les entreprises sont très enthousiastes devant les projets ayant pour objectif de planter des arbres.

Plusieurs instigateurs de ces programmes font valoir que les arbres plantés peuvent mitiger l’ajout de CO2 dans l’atmosphère depuis la Révolution industrielle… Ajout de CO2 auquel ils attribuent une partie ou la totalité de l’élévation moyenne de 1 degré Celcius des températures à la surface de la Terre.

Retirer «l’excès» de CO2 dans l’atmosphère

D’aucuns assurent que planter des arbres pourrait même retirer «l’excès» de CO2 qui s’est accumulé depuis des décennies (passant de 300 ppm avant 1850 à 400 ppm aujourd’hui: 0.04% de l’atmosphère).

Par exemple, en 2020, le Forum économique mondial a lancé l’initiative One Trillions Trees. L’un des buts est de «lutter contre les changements climatiques».

Toutefois, malgré les sommes importantes investies dans ces programmes, la superficie des forêts sur Terre n’augmente pas. Bien que la végétation totale, elle, soit en progression.

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Planter des arbres adaptés à l’environnement

Selon les experts, le principal problème est de s’intéresser trop au nombre d’arbres plantés et pas assez au nombre qui survit.

En 1978, la Chine a lancé un vaste programme pour planter des arbres sur une distance de 4500 km dans le Nord du pays, afin de ralentir la progression du désert de Gobi. Une analyse réalisée en 2011 démontre toutefois que 85% des plantations ont échoué puisque les espèces d’arbres choisies n’ont pas survécu dans leur nouvel environnement.

Une situation similaire a été observée en Turquie. 90% des arbres plantés en 2019 sont morts dans les trois mois suivant leur mise en terre.

Selon une forestière du Kenya interrogée par Science News, le problème est qu’on investit beaucoup sans s’intéresser à ce qui se passe par la suite. Les experts soulignent l’importance de bien planifier quand planter quelle espèce à quel endroit et d’évaluer ensuite la croissance.

Planter des arbres… pour les exploiter?

De plus, les projets de reforestation ne sont pas tous égaux. En effet, les forêts elles-mêmes peuvent devenir des sources de CO2 en raison des feux de forêt et de la combustion des produits du bois.

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Sachant que la décomposition naturelle des arbres et de la végétation produit aussi du CO2.

Selon les experts, laisser une forêt repousser naturellement permettrait d’éliminer beaucoup plus de CO2 que le fait de planter de nouveaux arbres.

Les nouvelles plantations qui sont constituées d’un seul type d’arbre peuvent d’ailleurs émettre plus de carbone qu’elle n’en séquestre. Ce type de projet peut également réduire la biodiversité.

Convertir le CO2 en carburant

Ceux qui croient que les changements climatiques s’accélèrent en raison de l’augmentation des gaz à effet de serre proposent aussi des technologies permettant d’ôter du CO2 de l’air.

Certaines techniques visent à le séquestrer et l’entreposer. D’autres pensent pouvoir l’incorporer dans le ciment et d’autres matériaux. Ou même à le convertir en carburant.

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La reforestation reste toutefois une approche prometteuse.. À condition de s’assurer que les initiatives en place soient bien planifiées.

Auteur

  • Kathleen Couillard

    Journaliste à l'Agence Science-Presse, média indépendant, à but non lucratif, basé à Montréal. La seule agence de presse scientifique au Canada et la seule de toute la francophonie qui s'adresse aux grands médias plutôt qu'aux entreprises.

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