Piquant roman sur le Québec des années 1970

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Publié 27/09/2011 par Paul-François Sylvestre

Au printemps 2010, Sophie-Julie Painchaud publiait le premier tome du romanRacines de faubourg – L’envol. Elle poursuit sa série sur le «faubourg à mélasse» de Montréal en signant le deuxième tome intituléLe désordre. Nous sommes dans le Québec des années 1970. Nous sommes témoins des chambardements dans la vie de Paul-Émile, Jean, Adrien et Patrick. Tout s’y trouve: les séparations, l’exclusion, les mensonges, les mauvaises décisions.


Jean se donne des airs de mardi gras, mais ne se révèle finalement que très peu. Paul-Émile se dévoile énormément… si on sait décoder son langage plutôt nuancé.


Adrien fait tout en son pouvoir pour rendre compliqué ce qui est si simple. Et Patrick semble avoir laissé ses souvenirs de jeunesse à mi-chemin entre l’Amérique et l’Afrique.


Devenus adultes, ces quatre hommes constatent que les rêves, les ambitions et les projets d’avenir qu’ils avaient échafaudés n’ont rien à voir avec la réalité. Chacun vit les soubresauts difficiles d’un monde qu’il croyait inébranlable et regarde, impuissant, le contrôle de sa vie lui glisser entre les doigts.


Et même si, en vieillissant, Paul-Émile, Jean, Adrien et Patrick tentent de s’éloigner de leurs racines, le faubourg à mélasse n’est finalement jamais bien loin.


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«Tout ce que nous vivions nous changeait, nous transformait, mais chacun d’entre nous se raccrochait à cette conviction que peu importe ce que nous vivions, la magie de notre passé saurait toujours nous réconforter dans nos malheurs.»


Les dialogues sont on ne peut plus colorés, comme en fait foi cet exemple.


«Pis qui aurait pensé, un jour, que le vilain petit canard de la rue de la Visitation trouverait quelqu’un pour l’engrosser. Parce que, soyons francs, t’as vraiment rien d’un cygne.»


Ils ont parfois un piquant à saveur politique: «Tu changes pas, toi, han? Toujours aussi affable qu’une planche de plywood. Ben franchement, à force de te tenir avec Trudeau, j’aurais pensé qu’il aurait pris un cinq minutes pour t’enseigner les bonnes manières. Juste pour ça, ça aurait valu la peine de payer mes impôts.»


Parlant de politique, le roman fait longuement référence à la Crise d’Octobre, en 1970 et à l’élection du Parti québécois, en 1976.


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L’auteure note que Pierre Elliott Trudeau n’est rien d’autre qu’un fils de riche «qui considère le poste de premier ministre comme son dû» et qui voit le Parlement comme «son joujou personnel».


Quant à René Lévesque, il est «un complexé de Napoléon qui cherche à compenser pour sa petite taille en s’emparant du pouvoir».


En conférant à ses quatre personnages le rôle de narrateurs à tour de rôle – chacun racontant les péripéties de l’autre –, l’auteure réussit fort bien à en faire des témoins perspicaces des événements marquants de l’histoire du Québec tout en fabriquant leur propre histoire personnelle.


Ce que j’ai surtout retenu de ce second tome, c’est que «les différents obstacles posés sur notre route le sont pour que nous arrivions non seulement à trouver le bon en nous, mais à le trouver chez les autres aussi.»


Sophie-Julie Painchaud,Racines de faubourg – Le désordre, tome 2, roman, Montréal, Guy Saint-Jean éditeur, 2010, 336 pages, 24,95 $.

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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