Deux des écrivains torontois les plus connus s’interrogent sur la place du livre dans le monde d’aujourd’hui et reviennent sur la carrière extraordinaire de Pierre Léon.
H.B: Comme tu as pu le constater dans mon article sur «Nos jeunes années», j’ai été très impressionné par la fluidité de ta narration, la vivacité de ton style, la précision des dates et des événements que tu as vécus de 1944 à 1984. Comment as-tu convoqué la mémoire et les souvenirs? Comment as-tu pu transcrire tous ces événements et toutes ces actions pendant quarante ans?
P.L: Merci, Hédi de tes compliments, qui me flattent et me vont droit au cœur. Comment je me suis souvenu de tant d’événements, je n’en sais rien et j’en ai oublié par nécessité éditoriale et d’autres pour ne pas embarrasser. J’ai beaucoup dit, un peu médit gentiment et pas mal oublié volontairement.
Monique, mon épouse et compagne de ce parcours, a longtemps tenu un journal. Mais les notes des autres ne sont ni faciles à lire ni à interpréter. Elles m’ont cependant servi de points de repère pour certaines dates devenues floues. Je dirai que ce qui m’a le plus servi c’est la mémoire affective.
H.B: Dans le livre que j’ai consacré à ton œuvre, dans la Collection Portraits no 1, Les Éditions du Vermillon, deux mots forment le titre: Pierre Léon: Humour et Virtuosité. Commençons par la virtuosité : en effet, tu as touché à tous les genres, de la poésie au roman, des nouvelles aux livres d’enfants, du drame au conte politiquement incorrect… Comment est-ce que tu fluctues d’un genre à un autre? Dans quel genre préfères-tu écrire? Je laisse de côté ici tes livres scientifiques et universitaires.