Peu de Français de Toronto se risquent à commenter la révolte des gilets jaunes

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Tirs de gaz lacrymogènes lors de la manifestation des gilets jaunes du 8 décembre 2018 à Paris. (Photo: Olivier Ortelpa).
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Publié 07/01/2019 par Cheyenne Ogoyard

Le mouvement des «gilets jaunes» est un sujet sensible pour les Français vivant à Toronto, mais peu d’entre eux se risquent à en commenter publiquement les tenants et les aboutissants.

Ampleur exagérée?

Les médias représentent le seul moyen de suivre ce mouvement depuis le Canada. Pour Marion, ce n’est pas assez. Pour cette conseillère éditoriale, suivre l’actualité française est difficile et la situation est, selon elle, exagérée.

«Le peu d’images que j’ai vues donnaient l’impression que c’était la guerre civile. Or j’ai de la famille dans plusieurs villes de France et personne n’a semblé avoir sa vie bouleversée.»

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, les réseaux sociaux ne jouent pas le rôle majeur qu’on leur attribue habituellement. En effet, les Français d’ici favorisent les informations directes qu’ils pensent plus fiables, comme l’avis de leur famille.

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Les Champs-Élysées après la manifestations des gilets jaunes du samedi 24 novembre 2018. (Photo: L.Nicollet).

Mouvement horizontal

C’est également le cas du conseiller consulaire Marc Albert Cormier, élu centriste des Français de l’Ontario et du Manitoba, qui lui suit l’évolution de la situation grâce à la radio française et aux médias britanniques et américains.

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Marc Cormier
Marc Albert Cormier

En revanche, les réseaux sociaux lui permettent de suivre les gilets jaunes d’un point de vue politique, et ainsi d’obtenir une vision globale «du ressenti par certaines tranches de la population».

En effet, les gilets jaunes ne sont plus seulement une opposition à la dernière augmentation de la taxe sur l’essence, mais «un mouvement horizontal, sans organisation réelle et qui s’exprime davantage par des actes (barrages, manifestations, actes violents) que par une quelconque synthèse politique».

Demandes initiales légitimes

Comme Marc Albert Cormier, plusieurs condamnent l’ampleur de la situation tout en disant comprendre les motivations initiales.

Les demandes des gilets jaunes seraient légitimes, mais démesurées, «fantaisistes», voire «utopiques», et les manifestations desservent finalement les Français.

Plus de dépenses publiques, moins de taxes?

Damien, agent immobilier, tient les Français pour responsables de ce contre quoi ils se battent. «La plupart des gens votent, ou s’en remettent au gouvernement pour demander toujours plus, et les politiciens, élus, fonctionnaires vivent grassement de cet aveuglement populaire».

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Selon lui, les Français veulent toute l’aide possible du gouvernement («toit, nourriture, soins, éducation») sans les inconvénients («taxes, réglementations, contrôles»).

Trop «politique»

L’aspect politique est au cœur de la manifestation. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle Gérard Poupée, président de l’association Français du Monde, a refusé de répondre aux questions de L’Express, tout comme Olivier Debregeas, président de la Fédération tricolore de Toronto, et Roland Lescure, le député LREM de l’Amérique du Nord à l’Assemblée nationale française.

Roland Lescure

Marc Albert Cormier préfère dissocier les gilets jaunes de toute raison politique, dénonçant «une expression populaire et populiste, qui ressasse beaucoup d’antiparlementarisme et qui met en avant des idées brouillonnes».

C’est d’ailleurs une des raisons qui ont poussé certains Français à s’expatrier au Canada, comme la pression économique due aux impôts et aux charges sociales.

Impensable au Canada?

Pourtant, tous s’accordent à dire qu’une telle situation n’est pas envisageable au Canada, dû à la culture, à l’histoire et à la nature des Canadiens. Selon Ingrid, blogueuse, les Canadiens sont «gentils, respectueux des règles, dans l’art du compromis».

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Si un parallèle avec les Bonnets Rouges ou Mai 68 est évident, il semblerait qu’on assiste à l’essoufflement du mouvement depuis les grandes manifestations des 24 novembre et 1er décembre, qui ont mobilisé plus de 100 000 personnes. Pour certains, c’est la faute aux débordements et aux violences, pour d’autres, c’est la sensation vaine d’avoir tout essayé.

Même si le président Emmanuel Macron a annulé l’augmentation prévue de la taxe sur l’essence, haussé le salaire minimum et pris d’autres mesures pour tenter de répondre aux revendications des gilets jaunes, il est clair qu’un remaniement politique et économique plus profond est attendu.

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