Pénurie d’enseignants francophones : revaloriser la profession et revoir les conditions de travail

Dur, dur, le métier d'enseignant.
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Publié 27/10/2020 par Diana Ombe

Accentuée par la pandémie, la pénurie d’enseignants francophones en Ontario a atteint un seuil critique. Cette problématique a pourtant été soulevée à de nombreuses reprises par les principaux concernés au cours des dernières années et ses causes sont connues.

Pour y remédier, il faudra une véritable volonté de revalorisation de la profession et revoir les conditions de travail des enseignants, estiment leurs syndicats, mais aussi les conseils scolaires.

Anne Vinet-Roy

Fardeau de plus en plus lourd

Depuis des années, l’Association des enseignants franco-ontariens déplorent des conditions de travail «inacceptables» et des salaires «trop bas compte tenu de la charge de travail».

Pour la présidente de l’AEFO, Anne Vinet-Roy, la «dévaluation» des conditions de travail du personnel enseignant a un impact direct sur la rétention et le recrutement.

«Outre de la pandémie, depuis bon nombre d’années, les conditions de travail du personnel enseignant ne s’améliorent pas. Le fardeau devient de plus en plus lourd et on exige de plus en plus du personnel enseignant au niveau des attentes sur le plan pédagogique et sur le plan de la différenciation […] Les enseignants l’ont toujours fait, mais les exigences sociales à leur égard ont changé», affirme Anne Vinet-Roy.

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Désinformation anglophone

Denis Chartrand, président de l’Association des conseils scolaires des écoles publiques de l’Ontario (ACEPO), estime que la pénurie aurait des origines encore plus lointaines.

Pour lui, la «désinformation relayée par des médias anglophones pendant plusieurs années» a porté préjudice aux écoles de langue française.

«Dans les journaux anglophones, beaucoup de données disaient qu’il y avait trop de professeurs et ils expliquaient que les nouveaux diplômés étaient forcés de s’inscrire sur des listes d’attentes ou des listes de substituts. Cette information était véridique, mais seulement pour les anglophones! Les écoles francophones ont toujours eu un besoin criant d’enseignants», explique-t-il.

Trop d’élèves par classe

À l’heure actuelle, l’obligation de respecter plusieurs mesures sanitaires et le manque de consultations décrié par certains enseignants leur compliquent encore la tâche.

«Il y a beaucoup trop d’élèves présents dans les salles de classe. La distanciation de deux mètres à laquelle on est habituée n’existe pas dans les milieux de travail liés à l’éducation. L’équipement de protection personnelle n’est pas toujours adéquat et la qualité laisse à désirer […] Les gens dans le milieu ne se sentent pas écoutés et ils se font imposer des choses sans qu’on leur demande leur avis. Il est donc difficile pour eux de se sentir bien et en sécurité», ajoute Anne Vinet-Roy.

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Valoriser le métier

Pour faire face à ces défis, le gouvernement ontarien a mis en place un groupe de travail avec les acteurs du secteur éducatif en vue de répondre à l’offre et la demande de personnel enseignant dans les conseils scolaires de langue française.

Denis Chartrand, membre de ce groupe de travail, estime que la première étape de cette stratégie repose sur la valorisation du métier.

«Au cours des dernières années, il y a eu beaucoup trop de dévalorisation du poste d’enseignant. Il faut montrer que c’est un poste extrêmement difficile et important pour les jeunes et pour l’avenir de la province», explique-t-il.

Denis Chartrand

Faciliter l’embauche des immigrants

La seconde étape de la stratégie sera la réévaluation du programme de qualification.

Pour le président de l’ACEPO, la création d’un projet pilote entre le gouvernement ontarien et l’Université Laurentienne sera un bon moyen de voir si la qualification des enseignants peut se faire en 15 mois au lieu de deux ans.

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Par ailleurs, il exhorte les autorités à créer des politiques facilitant le recrutement des enseignants issus de l’immigration.

«Il est important de voir si nous pouvons attirer des enseignants qui viennent d’ailleurs et qui souhaitent s’installer au Canada. Cependant, il faudrait vérifier si les compétences sont équivalentes. Une fois vérifiées, ils ne devraient pas avoir à refaire le cours. Ainsi, ils pourront être intégrés immédiatement au sein de nos écoles», conclut Denis Chartrand.

Auteur

  • Diana Ombe

    L’Initiative de journalisme local est financée par le gouvernement du Canada et gérée par l'Association de la presse francophone.

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