Peinture, musique et histoire dans trois musées de Québec

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Publié 22/06/2010 par Paul-François Sylvestre

Cet été, trois musées de Québec invitent le public à plonger dans des mondes aussi différents que l’ère victorienne, la musique afro-américaine et les frontières de la francophonie nord-américaine. Ces trois institutions sont le Musée national des beaux-arts du Québec, le Musée de la Civilisation et le Musée de l’Amérique française.

L’ère victorienne est une époque de splendeur et de bouleversements, qui se reflète dans des scènes de la vie urbaine ou rurale ainsi que dans des paysages, portraits et études de la vie animale. C’est du moins ce que l’exposition La peinture à l’époque de la reine Victoria clame haut et fort au Musée national des beaux-arts du Québec. Jusqu’au 6 septembre on y présente 60 toiles parmi les plus courues et les plus appréciées à Londres dans les années 1880.

Ces tableaux proviennent de la collection Thomas Holloway, homme d’affaires et mécène qui a fait construire, au XIXe siècle, un collège destiné à l’éducation des jeunes femmes et qui a dépensé en deux ans seulement l’équivalent de 17 millions de dollars actuels pour acquérir de nombreux tableaux. La reine Victoria et les critiques de l’époque ont admiré ces tableaux qu’ils ont qualifiés de spectaculaires, tant par leur format que par leurs qualités picturales.

Parmi les peintres les plus éminents de l’époque victorienne, représentés dans la collection Royal Holloway, figurent Edwin Landseer, William Powell Frith, Edwin Longsden Long et John Everett Millais. Ce dernier a peint Les Princes captifs de la Tour,dans lequel il attire l’attention sur la détresse de malheureux enfants de sang royal, simples pions politiques entre les mains de grandes personnes avides de pouvoir.

On assiste, à l’époque victorienne, à la production d’une quantité imposante de scènes animalières dans lesquelles le naturalisme s’exprime parfois de façon très différente. Si quelques scènes expriment une certaine sauvagerie, comme dans L’Homme propose et Dieu dispose, d’Edwin Landseer, la plupart des œuvres ont un caractère paisible, les animaux représentés étant le plus souvent domestiques et passifs, voire sympathiques si on en juge par Sympathie de Briton Riviere.

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L’Afrique fait vibrer les Amériques

En jazz comme en musique pop, le riff est un court fragment mélodique utilisé de façon répétitive et rythmique pour accompagner une pièce musicale. Quand un djembé angolais, un cor camerounais, un xylophone gabonais côtoient la trompette de Louis Armstrong, l’orgue de Gerry Boulet ou la guitare de Jimi Hendrix, on comprend toute l’influence de la culture musicale africaine sur les musiques populaires de notre époque.

L’exposition RIFF. Quand l’Afrique fait vibrer les Amériques, présentée au Musée de la Civilisation jusqu’en mars 2011, montre comment la musique s’est déplacée d’un continent à l’autre, où elle a été adoptée, métissée et transformée au fil du temps. On découvre comment les routes musicales se sont tracées dans un réseau complexe d’inspiration et d’imitation depuis l’arrivée des premiers esclaves d’Afrique en Virginie (1619).

C’est ainsi que le gospel, le spiritual, le jazz, le rock, le be-bop, la salsa, le rap, le hip-hop et le techno ont trouvé leur origine dans les sonorités héritées d’Afrique.

Une exposition sur la musique inclut nécessairement un important espace consacré à l’audition. Le jardin des concerts permet au public de visionner, d’écouter, d’apprécier des extraits de concerts d’artistes phares de la musique populaire américaine. Une expérience sensorielle extraordinaire! L’audio-guide est essentiel et il est gratuit.

Parmi les objets fétiches présentés dans l’exposition, mentionnons quelques objets mythiques des grands noms de la musique: une veste d’Elvis Presley, la trompette rouge de Miles Davis, une robe d’Ella Fitzgerald, une cape de James Brown, la guitare de Dédé Fortin et la contrebasse de Charlie Biddle.

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Je ne peux pas passer sous silence une autre exposition, coquine celle-là, du Musée de la Civilisation qui s’est mise à pactiser avec le Diable. 7 péchés – quand le Musée parle au Diable! rassemble 250 objets des collections nationales pour donner vie à l’avarice, à la colère, à l’envie, à la gourmandise, à la luxure, à l’orgueil et à la paresse. Ces sept péchés capitaux ont tenté quatre conteurs qui ont leurs objets fétiches.

La route des francophones

Qu’est-ce qui peut bien pousser quelqu’un à aller au-delà des frontières préétablies? Une quête de vie meilleure? Un appel de la famille ou celui de l’aventure? PARTIR sur la route des francophones, la toute nouvelle exposition permanente du Musée de l’Amérique française, nous entraîne sur les traces laissées par les francophones qui ont décidé de s’installer sur le continent nord-américain.

Que ce soit par les routes d’eau, de terre ou de fer, certains sont partis pour répandre la foi chrétienne, comme soeur Esther Parizeau qui aménagea un couvent en Oregon. D’autres se sont installés à Los Angeles pour faire fortune, comme les frères Victor et Prudent Beaudry. Plusieurs ont pris la route vers la Nouvelle-Angleterre pour travailler dans les usines de textiles.

Dans cette exposition, la partance et le voyage sont illustrés par un ruban rouge que l’on suit tout au long du parcours. Il débute par une projection holographique qui évoque l’expérience humaine des migrations.

Des niches d’objets, associées aux trois foyers de colonisation française en Amérique du Nord (Acadie, vallée du Saint-Laurent et Louisiane), sont intégrées à cette introduction, ainsi qu’une carte interactive traçant les principaux chemins explorés par Champlain, Desgroseillers et Radisson.

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L’ambiance mène le visiteur vers des mises en scène évoquant les différents motifs qui ont incité les francophones à partir.

Il y a d’abord, au XVIIIe siècle, le commerce de la traite des fourrures. Puis la propagation de la foi catholique par l’établissement de lieux de culte et d’enseignement. Plusieurs communautés religieuses ont créé des paroisses catholiques et ont aidé l’enracinement de la culture française dans ces contrées éloignées.

Le mouvement de colonisation emboîte le pas, suivi du développement industriel, notamment dans les usines de textiles du Maine. Enfin, il y a les journaux qui jouent un rôle primordial dans les multiples vagues de déplacements, comme Le Messager de Lewiston(Maine).

Toutes ces expositions nous propulsent au-delà des frontières, qu’elles soient géographiques ou artistiques, diaboliques ou psychologiques.

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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