Dans son tout premier roman, Le porto d’un gars de l’Ontario, Patrice Gilbert nous conduit sur les traces de Gratien Beauséjour, l’aîné d’une famille de Saint-Michel-des-Saints (Québec). L’action se déroule d’abord dans les chantiers de la Haute-Mauricie, puis dans une mine de Val d’Or et finalement en Ontario.
Tout commence en 1940, à l’époque où Maurice Duplessis règne avec une main de fer sur la Belle province. La soif d’aventure pousse Gratien à se lancer dans le vide, à quitter les jupes de sa mère et son village dans l’espoir d’améliorer son sort.
Boss anglophones
L’auteur décrit comment l’ado suit son père pour aller travailler dans les chantiers. Il est d’abord affecté à la cuisine et une des scènes les plus dramatiques est celle où le nouveau venu sent le chef cuisinier s’approcher trop de lui dans son lit; il se débat et échappe à une agression sexuelle, mais d’autres jeunes hommes avant lui ont certainement été victimes de viol.
Gratien trouve ensuite un emploi à Val d’Or (Abitibi). Curieusement, dans les dialogues, toutes les répliques des boss de la mine sont écrites en anglais, avec traduction en bas de page.
Cela alourdit le texte et n’est pas nécessaire; il s’agissait tout simplement d’insérer une note, lors de la première incidence, pour indiquer que la conversation se déroule évidemment dans la langue des patrons. On aurait alors lu une histoire en français, pas inutilement bilingue.
Le technique l’emporte sur le littéraire
Le roman souffre de longueurs fastidieuses, car Patrice Gilbert semble se sentir obligé de décrire dans les moindres détails toutes les manœuvres des mineurs durant un shift (quart de travail) ou toutes les combines des patrons à Toronto. Le technique l’emporte alors sur le littéraire. Au lieu d’écrire un roman, Gilbert nous sert presque un guide de l’industrie minière.