On est habitué aux amalgames. Chaque fois qu’un terroriste islamiste mitraille un journal ou une salle de concert, fonce dans une foule avec un camion, égorge un prêtre dans son église ou abat un soldat en faction devant le Parlement, c’est toute la communauté musulmane qui est montrée du doigt et de qui on exige une autoflagellation sur la place publique.
Pour une fois que le terroriste est un Québécois pure laine islamophobe amateur d’armes à feu – un étudiant renfermé et déboussolé d’après le peu qu’on en sait – on n’allait pas rater cette occasion de briller en identifiant les «vrais» coupables: le nationalisme, la laïcité, la liberté d’expression à la radio et bien sûr Donald Trump.
Ce sont là d’autres raccourcis intellectuels stériles, même pas nouveaux pour qui lit et écoute depuis longtemps les médias canadiens-anglais, que certains des nôtres ont surpassés cette fois-ci.
Commençons par la bizarre réaction de stupéfaction de certains politiciens et commentateurs le soir de la tuerie à la Grande Mosquée de Québec: «Pas chez nous?» «Pas ici à Québec?» «Pas un Québécois qui a fait ça?»
Ben oui, le Québec n’est pas sur une autre planète. C’est une société multiculturelle, majoritairement francophone mais à part ça pas si différente de celle de l’Ontario ou de l’Ohio, branchée sur le hockey mais aussi sur l’actualité mondiale, intéressée à ses vedettes mais aussi aux grands enjeux modernes.