Party québécois des Fêtes à Toronto

La musique «trad» fait un retour en force dans nos grandes salles en ce temps des Fêtes 2016. Or, ailleurs, ça fait longtemps qu’elle est prisée du grand public, et ce, à l’année longue.

C’est ce que souligne à L’Express le violoniste Olivier Demers, du groupe Le Vent du Nord, dont la tournée avec le groupe De Temps Antan cette saison comporte treize dates au Québec et une à… Toronto, au Koerner Hall du Conservatoire royal ce dimanche 18 décembre à 19h.

Fusion

Le quatuor et le trio, actifs chacun depuis une quinzaine d’années, ont uni leurs forces et leur savoir-faire pour concocter un spectacle commun baptisé ironiquement SOLO.

«C’est de l’humour absurde», explique Olivier Demers, «puisque ce spectacle est tout l’opposé d’un projet solo…» Un groupe n’est pas en première partie de l’autre: les sept musiciens ont choisi, arrangé et jouent ensemble toutes les chansons originales au spectacle.

Même qu’il n’est pas exclu que, par la suite, Le Vent du Nord et De Temps Antan fusionnent pour former… «Le Vent d’Antan» ou quelque chose comme ça. On hésite, dit-il, «parce que chacune des deux formations est déjà bien connue et établie sur le circuit international folk, trad et musique du monde».

Mentionnons aussi que les deux groupes comprennent deux paires de frères: Simon Beaudry, guitariste du Vent du Nord, et Éric Beaudry, guitariste de De Temps Antan; Réjean Brunet, bassiste, accordéoniste et pianiste du Vent du Nord, et André Brunet, violoniste de De Temps Antan.

Certains d’entre eux sont passés par La Bottine Souriante. «Si la musique traditionnelle québécoise était un arbre dont nous sommes des branches, La Bottine c’est le tronc», image le violoniste qui, comme ses comparses, chante et joue de plusieurs autres instruments.

Le premier album du Vent du Nord comprenait d’ailleurs des pièces du répertoire que La Bottine avait considérées, mais n’avait finalement pas retenues. «Comme on les avait déjà travaillées, on les a utilisées.» Le Vent du Nord a aujourd’hui huit albums à son actif (De Temps Antan trois), dont certains ont d’ailleurs été lancés au prestigieux Hugh’s Room de Toronto.

Plus populaire ailleurs

Un groupe comme Le Vent du Nord tourne «90% du temps à l’extérieur du Québec», raconte Olivier Demers. Sa musique traditionnelle «québécoise» s’apparente en effet à une musique traditionnelle bretonne, anglaise, écossaise, scandinave, dont la popularité est encore plus forte dans ces pays, ainsi qu’aux États-Unis et au Canada anglais.

«Chez nous, c’est associé à la musique de Noël et du Jour de l’An parce qu’à l’époque des familles nombreuses, c’était la période de l’année où elles se rassemblaient pour fêter. Le mononcle sortait son violon, la mère chantait des complaintes, le grand-père des chansons grivoises…»

«Aujourd’hui, les jeunes n’ont pas d’expérience de ces gros partys de famille», dit-il. «Mais leur grand intérêt pour la musique trad fait que ça redevient de la musique qu’on peut jouer et entendre en toute saison.»

Relève dynamique

Selon lui, il y a au Québec (et sûrement ailleurs aussi) une relève très dynamique pour la musique trad et ses instruments: violon, mandoline, accordéon, guimbarde, harmonica, vieille à roue… «On le voit dans les sessions», c’est-à-dire les soirées à micro ouvert et autres rendez-vous musicaux organisés périodiquement dans les bars et d’autres scènes.

C’est d’ailleurs là qu’Olivier Demers a lui-même a appris à maîtriser le violon. «Avant ça, je jouais du rock comme tout le monde.»

Sur le circuit international du folk-trad-world, «il n’y a pas de barrière de langue: le public est même habitué à ne pas comprendre les chansons en breton ou en gaélique; c’est la musique qui règne». Le mordus peuvent toujours consulter la traduction anglaise des textes des chansons françaises du Vent du Nord sur son site web.

Le Vent du Nord a remporté le trophée Félix de l’Album trad de l’année en 2015… que De Temps Antan avait gagné en 2014! C’est donc un spectacle exceptionnel, mis en scène par le chevronné Michel Faubert, qui passera par le Koerner Hall dimanche, où s’éclatera une cohorte flamboyante de notre musique trad.