Par quoi remplacer les sacs en plastique à usage unique?

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Plusieurs juridictions ont banni ou veulent bannir les sacs de plastique à usage unique. Mais est-ce vraiment bénéfique pour l’environnement? Photo: Brian Yurasits, Unsplash
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Publié 19/11/2020 par Catherine Couturier

Depuis une dizaine d’années, de nombreuses villes et plusieurs pays ont banni les sacs de plastique à usage unique. Cette interdiction apporte-t-elle tous les bienfaits pour l’environnement qu’on lui prête? La réponse est loin d’être tranchée.

Pratique et pas cher

Inventé dans les années 1960 par le Suédois Sten Gustaf Thulin, le sac de plastique tel qu’on le connaît aujourd’hui dans les supermarchés, se voulait une solution abordable et légère pour transporter les emplettes.

Même si l’intention de l’inventeur n’était pas d’en faire un produit à usage unique, le coût très bas de production combiné à son côté pratique l’a rendu jetable. Au Canada, plusieurs milliards de ces sacs sont distribués chaque année.

Plusieurs villes et pays ont donc décidé ces dernières années de bannir les sacs de plastique à usage unique, même si ces règlements sont parfois difficiles à appliquer.

Depuis, des études de cycle de vie ont conclu que certaines solutions de rechange pouvaient être pires que le plastique. Mais tout dépend ce à quoi l’on fait référence: volume de déchets, consommation d’eau ou gaz à effet de serre?

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Des boîtes bleues de recyclage à Toronto. Photo: Greg Heo, Flickr

Un fléau pour l’environnement

Une des conséquences les plus visibles des sacs de plastique à usage unique est la quantité impressionnante de déchets qu’ils engendrent — et qui reste dans l’environnement pendant des centaines d’années.

Même enfouis, ils mettront tout autant de temps à se dégrader. De plus, lorsqu’ils se dégradent, ces sacs se brisent en petits morceaux et se retrouvent dans l’eau et dans les sols. Ils s’ajoutent aux nombreux déchets de plastiques de différentes origines, et posent une menace pour la faune et les écosystèmes.

Selon une étude de l’Université de Georgie, près de 8,8 millions de tonnes de plastique finissent dans les océans… chaque année! Une étude internationale publiée dans la revue PLoSOne a recensé plus de 5 billions (5000 milliards) de particules de plastique totalisant 250 000 tonnes et flottant sur les océans à travers le monde.

Les restes de diverses tailles provenant des sacs de plastique comptaient pour 9,8% de tous les plastiques retrouvés (le polystyrène remportant la palme avec 26% des plastiques). Et c’est sans compter les déchets qui se retrouvent au fond de la mer.

Les sacs de plastique peuvent aussi bloquer les égouts, ou deviennent un terreau de reproduction pour les moustiques lorsque l’eau y stagne, ce qui est particulièrement problématique dans les pays où la malaria est endémique.

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À San José, en Californie, l’interdiction a réduit de 89% le nombre de sacs se retrouvant dans les égouts de la ville.

Réutiliser les  sacs de plastique?

Même si les sacs de plastique sont en théorie recyclables, les consommateurs le font rarement, et les sacs, facilement transportés par le vent, se retrouvent dans l’environnement, ou bloquent les machines dans les centres de tri.

Selon l’Agence américaine de protection de l’environnement, les États-Unis ne recycleraient que 10% de leurs sacs de plastique. Au Canada, c’est plus proche de 15% des sacs d’emplettes qui seraient récupérés.

Dans certains pays, aucune infrastructure de recyclage n’existe, et si les sacs sont brûlés, dégageant des gaz toxiques et laissent des résidus de plomb et de cadmium.

Opter pour des sacs plus épais

Si l’on abolit les sacs de plastique à l’épicerie, les consommateurs ne devront-ils pas acheter en contrepartie plus de sacs pour les déchets?

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Cet argument est souvent avancé par… l’industrie du plastique. Une chercheuse de l’Université de Sydney fréquemment citée a ainsi analysé que le bannissement des sacs de plastique en Californie avait poussé les consommateurs à acheter davantage de sacs de plastique plus épais (et donc désavantageux pour l’environnement).

Mais malgré cette augmentation de 12 millions de livres de plastique, il reste que l’interdit a éliminé 40 millions de livres de sacs de plastique, équivalant à une baisse de 71,5% de consommation de plastique à usage unique.

En fait, le consommateur utilisait et jetait quotidiennement beaucoup plus de sacs d’épicerie que ce dont il avait besoin pour ses poubelles.

Peu de gens réutilisent leurs sacs en plastique autrement que pour y mettre des déchets. Photo: Juan Pablo Serrano Arenas, Pexels

Gaz à effet de serre 

Une telle diminution du poids du plastique produit se traduirait par une réduction de l’ajout industriel de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, ajout auquel certains attribuent une influence sur le climat à long terme de la planète.

Aux États-Unis seulement, on évaluait en 2009 que 12 millions de barils de pétrole (source de GES) étaient nécessaires pour produire les 100 milliards de sacs de plastique utilisés chaque année.

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Les sacs compostables pas plus avantageux

Par quoi remplacer les sacs de plastique? Pour que le bannissement ait réellement un impact environnemental, le choix des matériaux est important.

Les sacs «biodégradables», d’abord, ne sont pas idéaux.

Les sacs oxodégradables sont en fait des sacs de plastique auxquels on a ajouté un oxydant qui leur permet de se fragmenter. Pour cette raison, ils sont impossibles à recycler et les fragments qu’ils génèrent se retrouvent dispersés dans l’environnement. Ils y restent de nombreuses années et peuvent être ingérés par les animaux, qui peuvent s’étouffer ou s’empoisonner.

Les sacs complètement biodégradables (compostables) sont faits de plastique d’origine végétale (comme de l’amidon) et posent d’autres problèmes. Ils nuisent au recyclage lorsqu’ils sont mélangés à d’autres plastiques, et au compostage, parce qu’ils sont plus lents à dégrader.

Les sacs en papier

Les sacs en papier, eux, nécessitent beaucoup de matières premières (même si elles sont renouvelables) et demandent beaucoup d’eau pour leur production.

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Une étude de l’Agence environnementale britannique parue en 2011 estimait que les sacs de papier devaient être utilisés au moins 4 fois pour être moins dommageables pour l’environnement que les sacs de plastique conventionnels.

Les sacs de papier pèsent en général davantage et prennent plus d’espace que les sacs de plastique. Mais les sacs de papier ont l’avantage de se biodégrader complètement dans l’environnement et ne dégagent aucun gaz toxique lorsqu’ils le font.

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Pratique et pas cher. Anna Shvets, Pexels

Le meilleur choix: les sacs réutilisables

Reste les sacs réutilisables. Malgré leur importante empreinte écologique à la fabrication, ceux-ci s’avèrent le choix le plus sûr. À condition de les utiliser de nombreuses fois.

On devrait aussi privilégier les sacs faits de plastique recyclé ou de polyester plutôt que les sacs en coton, même bio. En effet, la production de coton est intensive (la culture du coton occupe 2,4 % des territoires agricoles mondiaux), demande beaucoup d’eau, et utilise de nombreux pesticides.

En admettant que l’ajout de gaz à effet de serre due à l’activité humaine ait un effet sur le climat, le rapport britannique cité plus haut affirmait qu’un sac de coton devait être utilisé 131 fois avant d’être plus avantageux pour les changements climatiques qu’un sac de plastique.

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Si l’on inclut la consommation d’eau, la vraie pollution atmosphérique, et les dommages aux écosystèmes causés par la culture du coton, il faudrait utiliser un tel sac… plus de 20 000 fois, c’est-à-dire une fois par jour pendant 54 ans…

Le contenu plus important que le contenant

Plutôt que d’acheter un nouveau sac «plus écolo», la meilleure solution reste d’utiliser les sacs que vous possédez déjà (n’importe lesquels!), de les réparer lorsqu’ils brisent, et de les mettre au recyclage en fin de vie, lorsque c’est possible.

Pour un minimum d’empreinte écologique, les sacs réutilisables devraient être recyclables et produits localement.

Aucun sac n’est parfait… et plusieurs s’accordent pour dire que c’est le contenu du sac d’épicerie plutôt que le contenant qui a un plus grand impact sur l’environnement!

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