Des Oblats prédateurs sexuels pédophiles

pédophiles, Anne Panasuk, Auassat
Anne Panasuk, Auassat: À la recherche des enfants disparus, essai, Montréal, Éditions Édito, 2021, 190 pages, 24,95 $.
Partagez
Tweetez
Envoyez

Publié 05/12/2021 par Paul-François Sylvestre

Le Temps des Fêtes approche. Notre chroniqueur littéraire vous propose, du 1er au 5 décembre, cinq titres en guise de cadeaux, soit deux romans et trois essais.

Auassat, en innu, signifie «les enfants». C’est le titre d’un essai poignant d’Anne Panasuk sur les enfants disparus durant le règne de prêtres Oblats pédophiles chez les Innus et les Atikamekw pendant plusieurs décennies.

Anthropologue, Anne Panasuk a été journaliste à la télévision de Radio-Canada durant 38 ans. Sa connaissance des Premières Nations lui a permis de révéler des histoires méconnues dans des reportages dont l’excellence a été maintes fois soulignée.

Histoires incroyables

Dans la préface, l’auteure écrit: «Quand je raconte les histoires horribles de nos vies, on me répond toujours que ce n’est pas croyable. Non, ce n’est pas croyable, c’est incroyable dans ce pays!»

L’auteure nomme plusieurs prêtres, «tous des Oblats, puissants, craints et protégés par leur congrégation». Un curé exhibitionniste tripotait les fillettes. Il glissait sa main sous la robe pour toucher leurs fesses durant la confession.

Publicité

Les femmes enceintes étaient invitées à se présenter au presbytère où le curé mettait de l’huile sainte sur leur ventre et leurs seins pour accéder à leurs corps.

Les Oblats pédophiles s’intéressaient plus souvent à des jeunes garçons. Certains ont tenté de se justifier en soutenant que «les mœurs sexuelles des Amérindiens sont plus ouvertes et les interdits moins nombreux».

Quelques procès de pédophiles

Quelques-uns ont été accusés formellement et ont subi un procès. L’un d’eux a écopé de seulement quinze mois de prison après avoir agressé huit enfants pendant une décennie. Les Oblats ont caché des prêtres pédophiles en Europe pendant des années, malgré un mandat d’arrêt international.

Pour les aînés de la communauté, le prêtre est un homme de Dieu. On ne peut pas entacher son image. Il est comme un saint qu’on met sur un piédestal. C’est impossible pour les parents qu’un curé agisse comme ça. Et comme dans le cas de prêtres pédophiles dans les paroisses non amérindiennes, on les envoie souvent poursuivre leurs œuvres dans une autre communauté autochtone.

«Les enfants étaient déplacés à plus de 1 000 kilomètres de chez eux, sans contact avec leur famille pendant de long mis, coupé de leur culture, de leur langue.» Les victimes se sentent coupables, tombent dans la drogue, s’enlèvent la vie «pour mettre fin à un mal-être créé ou nourri par les agressions sexuelles».

Publicité

On est dans le sordide

Anne Panasuk a souvent entendu des victimes exprimer un réel sentiment de culpabilité. «C’est moi le coupable» ou encore «je dois me pardonner». Elles se trouvent dégueulasses, se rabaissent tout le temps, comme si c’était de leur faute.

Un avocat des victimes affirme: «On est dans le sordide de prédateurs sexuels pédophiles.» Il ajoute que le statut social le plus important qui permet des cochonneries demeure, entre autres, celui d’être prêtre. Un Oblat s’est adressé au psychologue de sa communauté et s’est fait dire «C’est ton problème, puis règle-le.»

Dans ce livre, Anne Panasuk donne la parole à des Autochtones de tous âges qui, se sachant entendus, ont décidé de briser le silence. De victimes, ils deviennent survivants et retrouvent ainsi leur dignité.

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

Partagez
Tweetez
Envoyez
Publicité

Pour la meilleur expérience sur ce site, veuillez activer Javascript dans votre navigateur