Oasis Centre des femmes: haro sur le sextage et la sextortion

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Un ado découvre une photo compromettante de lui sur les réseaux sociaux. Photo: iStock.com/Moore Media
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Publié 05/05/2024 par Nathalie Dufour Séguin

«Il y a encore du travail à faire pour informer la population sur ce qui est acceptable ou non en matière de sexualité, et surtout ce qui est illégal selon la loi au Canada.» C’est ce que constate Maimou Wali, agente de liaison communautaire pour Oasis Centre des femmes à Toronto, qui a animé le 2 mai un atelier en ligne sur «la cybersécurité des adolescent.es».

L’atelier portait spécifiquement sur le sextage, «la création, l’envoi ou la réception de messages textes, photos ou vidéos sexuellement explicites en utilisant un moyen électronique: cellulaire, ordinateur, tablette», selon la définition du ministère de la Justice du Canada.

Certains échanges ont porté sur l’importance d’obtenir le consentement de sa ou son partenaire lors d’une relation intime, notamment lorsqu’un participant a insisté sur le fait qu’une femme mariée n’a pas besoin de consentir «puisqu’ils sont mariés».

Une des participantes en a profité pour mentionner qu’«il ne faut pas tenir pour acquis que les personnes nouvellement arrivées au Canada sont au courant de nos luttes et de nos avancés en matière de droits, et qu’il est tout à fait possible que cela soit différent dans le pays d’où ils viennent.»

Sextage

Un jeune sur trois a déjà envoyé ou reçu un «sexto», selon divers corps de police qui reprennent une étude américaine datant déjà de 2009. Ça veut dire qu’un jeune sur trois pourrait être accusé de production ou de possession de pornographie juvénile, a souligné Oasis à la quinzaine de personnes inscrites à son atelier.

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Dada Gasirabo, directrice générale d'Oasis Centre des femmes
Dada Gasirabo. Photo: l-express.ca

En effet, transmettre et rendre accessible une photo ou une vidéo intime d’une personne sans son consentement constitue un crime. De plus, si la victime a moins de 18 ans, cela devient de la pornographie juvénile même si la personne a donné son consentement.

«L’atelier s’inscrivait dans la série d’ateliers qu’Oasis offre aux jeunes de notre communauté durant le mois de mai, Mois de sensibilisation aux agressions à caractère sexuel», indique la directrice générale d’Oasis, Dada Gasirabo.

«Cet atelier visait à sensibiliser les jeunes filles et garçons sur les différentes formes d’agressions sexuelles, les éduquer sur la notion du consentement et les pièges du numérique. C’est aussi l’occasion de les outiller aux ressources de prévention et de soutien.»

Oasis se préoccupe aussi des conséquences de cette pratique sur celles et ceux qui en sont victimes.

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Une photo de vous en ligne!

Vous perdez le contrôle de vos photos dès qu’elles sont diffusées en ligne. Même si la personne à qui vous les envoyez respecte votre vie privée, vos photos pourraient quand même être diffusées sans votre consentement ou par erreur, selon les experts de CliquezJustice.ca.

Si vous connaissez l’agresseur, vous pouvez exiger qu’il supprime la photo ou la vidéo et qu’il arrête de la partager. Si la photo ou la vidéo est affichée en ligne, vous pouvez exiger qu’il la dépublie.

Si l’agresseur refuse, vous pouvez écrire aux administrateurs du site et leur demander de retirer le contenu qui vous concerne. Si des sites comme Facebook, YouTube, Twitter, Instagram reçoivent une plainte, ils effaceront le contenu en question. Après plusieurs plaintes, ils ont le pouvoir de suspendre ou d’effacer le compte de la personne.

S’il s’agit d’un site web, contactez l’administrateur du site.

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Quelques statistiques de cyberaide.ca.

Reconnaître la sextorsion

Le 12 mars dernier, la Gendarmerie royale du Canada (GRC) et le Centre canadien de protection de l’enfance (CCPE) unissaient leurs forces pour aider le public à reconnaître la «sextorsion» – demande d’argent en échange de promesse de ne pas publier de photos ou vidéos compromettantes –, donner des outils aux jeunes et fournir de l’aide.

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Une nouvelle affiche vise à faire connaître AidezMoiSVP.ca, un service pour les jeunes en proie à diverses formes de cyberviolence sexuelle, dont le partage d’images intimes, la sextorsion et le leurre informatique.

Selon Mike Duheme, commissaire de la Gendarmerie royale du Canada, «les jeunes ont le pouvoir d’agir contre la sextorsion, et nous devons aider à les outiller. Il est essentiel de s’assurer que les victimes connaissent les mesures qu’elles peuvent prendre pour se défendre. Ce n’est pas de votre faute. Ne souffrez pas en silence. Il y a des ressources pour vous aider.»

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L’affiche de la GRC et du CCPE menant à la ressource AidezMoiSVP.ca

La Zone M-12

En octobre dernier, Todd McCarthy, le ministre ontarien des Services au public et aux entreprises, lançait la Zone M-12, une ressource en ligne destinée aux élèves de la maternelle à la 12e année, aux enseignants et aux parents pour les sensibiliser à l’importance de la sécurité en ligne.

Le site web propose des jeux, des articles interactifs et des vidéos sur le harcèlement en ligne, la protection de la vie privée et la sécurité des mots de passe, afin d’aider les générations futures à rester protégées à mesure qu’elles grandissent dans notre monde numérique en constante évolution.

«La sensibilisation et la formation à la cybersécurité à tous les stades de l’apprentissage constituent un élément important de la Stratégie pour la cybersécurité de l’Ontario et une recommandation clé du rapport final de notre groupe d’experts en cybersécurité», souligne le ministre.

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«Notre gouvernement prend très au sérieux son engagement en matière de cybersécurité, et nous mettons tout en œuvre pour que les habitants de cette province puissent travailler et jouer en ligne en toute sécurité et en toute confiance.»

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La Zone M-12 du gouvernement de l’Ontario sur la cybersécurité.

La cybersécurité simplifiée pour les enfants

Le gouvernement du Canada reconnaît qu’il n’est pas facile d’expliquer la cybersécurité aux enfants. À cet effet, il propose un article montrant des façons de simplifier le message et utiliser des exemples que les enfants comprennent facilement.

On y explique entre autres ce que sont l’«hameçonnage» (techniques de leurre), les «maliciels» (malware en anglais: logiciel malveillant qui infecte votre ordinateur) et la sécurité des comptes et des réseaux. On y retrouve un cahier d’exercices pour enfants qui inclut des jeux, ansi que des conseils pour assurer la cybersécurité de toute la famille.

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