Nuit blanche à Toronto: insomnie culturelle

Réconcillier le badaud avec l’art. Tel est le concept défendu avec ferveur par la mairie de Paris depuis la création de la Nuit Blanche en 2002. Une manifestation qui propose à chacun de découvrir la capitale française d’un oeil nouveau, en plein coeur de la nuit. Mais les effets de la mondialisation sont aussi culturels et, le 30 septembre prochain, Toronto se joindra à la fête comme bon nombre de villes à travers le monde.

«La Nuit Blanche est un événement passionnant et innovant qui s’inscrit dans la dynamique culturelle de Toronto. Nous invitons tous les Torontois à profiter de cette occasion pour découvrir leur ville sous un nouveau visage.»

Des mots simples, une présentation concise. Le maire de Toronto David Miller avait salué en avril dernier le projet de la ville d’accueillir pour la première fois en 2006 la désormais -célèbre Nuit Blanche. Une manifestation initiée en 2002 par la ville de Paris, qui s’exporte à ce jour dans de nombreuses villes à travers le monde.

Si Rome, Riga, Madrid et Bruxelles ont profité de la proximité pour s’initier au concept dès ses prémisses, le Canada n’est pas en reste. Ainsi, Montréal, précurseur de la Nuit Blanche en Amérique, organisera sa troisième édition cette année, et, ce 30 septembre, Toronto deviendra la seconde ville nord-américaine à succomber à ce nouveau rendez-vous mondial de la culture.

Du coucher au lever du soleil, les manifestations artistiques se succèderont jusqu’au fin fond des plus sombres ruelles, relégant la chaleur de la couette au rang de doux souvenir. Une initiative qui pourrait être suivie dès 2007 par New York, Rio de Janeiro, Tokyo, Tel-Aviv et Lisbonnne.

À la fin du mois, les Torontois pourront donc découvrir en toute gratuité le plaisir de la culture nocturne. Entre 19 heures et 7 heures du matin, des centaines de galeries, musées, et autres monuments culturels proposeront aux visiteurs des représentations exceptionnelles et gratuites.

Et si, bien évidemment, il sera possible de flâner au hasard des rues, à la recherche d’un petit hâvre de paix musical ou pictural, l’organisation a fait en sorte de fédérer les visiteurs autour de quelques lieux phares.

Cette Nuit Blanche 2006 s’articulera autour de trois points névralgiques au centre et à l’ouest de la ville: le quartier de Yorkville, la rue Queen Ouest et le croisement des rues University et McCaul. Au coeur et autour de ces trois épicentres, une multitude d’expositions seront présentées, en partenariat direct ou indirect avec l’organisation de la Nuit Blanche.

Autre événement majeur, le parcours caché My Secret City baladera les visiteurs à travers les trois zones avec une vingtaine d’expos thématiques autour de la Ville-Reine.

Rendez-vous francophone à la Galerie Bertossini

Évidemment, la communauté francophone est bien présente au milieu de ce torrent artistique nocturne, et les amateurs d’art et de francophonie pourront mêler leurs deux passions dans deux lieux différents.

À la galerie Bertossini (783, rue Queen Est), des artistes franco-ontariens et canadiens français se relayeront toute la nuit pour proposer musique et arts visuels. Des présentations autour du thème Sensation Nocturne, censé illustrer le renouveau de la culture canadienne française à Toronto, comme le souligne Serge Bertossini, propriétaire des lieux: «Cette Nuit Blanche est une occasion rêvée de faire rayonner un peu plus encore l’art à consonnance francophone. Les murs de la galerie seront tapissés des oeuvres de huit artistes, et une quinzaine de chanteurs se donneront la réplique à tour de rôle dans le courant de la nuit. Nous devrions aussi accueillir un DJ aux environs de minuit et peut-être un groupe de percussionnistes vers 2 heures du matin.»

Mais même s’il se satisfait de ce programme, Serge Bertossini déplore un certain manque de mobilisation: «J’ai tenté de faire adhérer mes collègues de l’est torontois à cette démarche festive, mais la plupart n’ont pas donné suite. C’est dommage parce qu’au final, je suis le seul à avoir prévu un événement de cette envergure sur Queen Est alors que nous avions les moyens de lancer une dynamique intéressante.»

Des actions de grande envergure

De son côté, l’Ambassade de France, en partenariat avec la Mission économique française de Toronto, ne manquera pas l’opportunité de représenter avec fierté le pays instigateur de cette célébration. La Grande Expérience, une exposition coordonnée par William Huffmann, prendra place au Centre MaRS du 101 rue College, et réunira près d’une trentaine d’artistes.

Des représentations uniques auxquelles viendront s’ajouter quelques objets du quotidien devenus aujourd’hui représentatifs de la culture artistique française, à l’image du polo Lacoste, des cosmétiques Lancôme ou du chocolat Poulain.

Il sera également possible d’apprécier la nouvelle reine de l’automobile citadine en France, à savoir la Smart, une voiture au design futuriste et aux dimensions démesurées, capable de se faufiler dans tous les endroits de la tortueuse capitale française.

Bien évidemment, tous les monuments de la culture torontoise auront eux aussi un programme apte à séduire les noctambules d’un soir. Le Musée Royal de l’Ontario se mettra au diapason des Caraïbes, en accueillant cinq artistes cubains qui viendront présenter des oeuvres vidéos. La nuit sera par ailleurs agrémentée de salsa et de nourriture locale.

La Tour CN ne sera pas en reste, et aura également droit à sa nocturne. Le premier niveau accueillera de nombreux artistes, tandis que la nacelle sera le théâtre d’une exposition photographique.

Tous ces événements, classifiés et promus par l’organisation officielle de la Nuit Blanche comme «Projets indépendants», seront accompagnés d’initiatives locales aux quatre coins de la ville.

Un programme qui n’a rien d’exhaustif, donc, mais qui devrait déjà vous donner quelques pistes à l’approche de cette grande célébration de l’art noctambule.

Renseignements au http://nuitblanche.livewithculture.ca