Les agences fédérales de sécurité (la GRC et le SCRS) peuvent facilement écouter nos appels, lire nos textos et analyser les données de nos téléphones portables, tout comme les services de renseignement des autres pays et une foule de cyberpirates et fraudeurs.
Et les Canadiens sont plutôt mal protégés de ces technologies intrusives par leurs réseaux privés de téléphonie (les Bell, Rogers et compagnie), a constaté la journaliste d’enquête Brigitte Bureau, de Radio-Canada, qui a raconté l’histoire de son scoop de l’an dernier à la tribune du Club canadien de Toronto ce mardi 13 février.
«C’est pas grave, on a rien à cacher…» Cette réaction typiquement canadienne qu’elle dit avoir rencontrée maintes fois, contraste, remarque-t-elle, avec celle que des révélations semblables ont suscitées aux États-Unis, où on ne badine pas avec la «sécurité nationale», et en Europe, «où les citoyens n’aiment pas être fichés et espionnés parce qu’ils ont connu le totalitarisme».
Détecteur de pirates
Brigitte Bureau – qui mène souvent, par la force des choses, plusieurs enquêtes de front – s’est baladée pendant plusieurs mois à Ottawa avec un «cryptophone» permettant de détecter la présence dans ses environs de «capteurs d’IMZI», d’autres appareils permettant de pirater les téléphones cellulaires.
Le lancement des célébrations du 150e anniversaire du Canada, au début de l’hiver 2017, a beaucoup fait réagir son détecteur autour de la colline parlementaire, confirmant que les agences canadiennes (ou d’autres…) y menaient d’importantes activités d’espionnage.
En Allemagne, s’intéressant cette fois à la vulnérabilité du «SS7», le système interconnecté auquel adhèrent 800 réseaux de téléphonie de tous les continents, un jeune expert muni d’un simple ordinateur portable lui a permis d’écouter les conversations d’un député canadien (qui avait accepté de servir de cobaye) et même de le suivre à la trace dans la capitale fédérale.