Nixon in China à la COC

Deux mondes parallèles

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Publié 15/02/2011 par Annik Chalifour et Esther Vlad

La Canadian Opera Company (COC) propose l’opéra contemporain Nixon in China du compositeur américain John Adams, au Four Seasons for the Performing Arts, jusqu’au 26 février. L’œuvre retrace la première visite du président Nixon en Chine, au début des années 1970, ayant pour objectif de réconcilier les relations sino-américaines suite à une longue période d’antagonisme entre les deux pays.

Nixon, interprété par le baryton américain Robert Orth, rend bien l’état d’âme du président, de réputation anti-communiste et vénéré par la droite américaine, oscillant entre ses espoirs et ses craintes vis-à-vis du résultat ultime de la visite historique. Les appréhensions du président Nixon éclatent au grand jour vers la fin de l’opéra, où l’on ne peut que constater l’échec de la mission américaine.

Les deux mondes se croisent, mais superficiellement: une communication veine entre deux cultures aux antipodes. Tandis que Nixon tente de présenter à Mao sa vision simple et simpliste de paix entre l’Amérique et la Chine, ce dernier l’entretient d’un discours qui se veut philosophique sous un langage empreint d’énigmes: deux univers intouchables!

L’échange entre les deux chefs reste manifestement illusoire, bien que l’hôte Mao ne semble pas s’en offusquer.

Histoires personnelles

L’ouvrage d’Adams tend à traiter le fameux séjour comme une fusion d’histoires nationales et personnelles reliées aux caractères et vécus des six principaux personnages: Nixon et Pat Nixon, Mao Tse-toung et son épouse Chiang Ch’ing, le secrétaire d’État américain Henry Kissinger et le premier ministre chinois Chou En-lai.

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Pour ramener le public à la réalité, des téléviseurs posés autour de la scène tout au long du spectacle, rapportent les images filmées lors du réel voyage de Nixon en 1972. Beaucoup trop de séquences, comme si on devait constamment nous remémorer que l’opéra est malgré tout fondé sur des faits réels.

«Viscéralement engagé»

Nixon in China est considéré comme un des opéras principaux du XXe siècle. L’œuvre d’Adams est souvent décrite par les critiques comme un opéra contemporain dont la musique est «viscéralement engagée».

Depuis l’année 2000, plusieurs nouvelles versions de l’ouvrage ont été mises en scène et bien reçues, dont, entre autres, la production remarquable de l’Opéra de Chicago en 2006.

Quant à la production actuelle de la COC, elle joue sur les forces de l’opéra sous l’habile direction artistique de James Robinson, un casting de chant raffiné, un jeu simple, mais visuellement efficace ainsi qu’une performance irréprochable de l’orchestre de la COC. Orth et Kanyova, dans les rôles respectifs de Nixon et Pat, capturent la forte personnalité du couple présidentiel de façon spectaculaire.

L’orchestre est dirigé par le jeune chef espagnol Pablo Heras-Casado, âgé de 33 ans, faisant ses débuts à Toronto et qui semble permettre aux instruments à vent de submerger, à l’occasion, les voix des chanteurs.

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Outre le baryton Robert Orth (Nixon) et la soprano Maria Kanyova (Pat), les artistes interprètes incluant le ténor Adrian Thompson (Mao), la soprano Marisol Montalvo (Mme Mao), le baryton-basse Thomas Hammons (Henry Kissinger) et le baryton Chen-Ye Yuan (Chou En-lai), démontrent une maîtrise de l’art du chant d’opéra avec grande virtuosité.

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