Néandertaliens et Homo sapiens: une histoire d’assimilation?

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La Grotte Mandrin, dans le Sud de la France. Photo: Thilo Parg, Wikipedia Commons
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Publié 13/12/2024 par Pascal Lapointe

Pourquoi les Néandertaliens sont-ils disparus? Les hypothèses ne manquent pas depuis un siècle et demi. Dans la dernière décennie, l’attention s’est portée sur ce que la génétique pourrait nous apprendre d’eux.

Or, c’est plutôt la suie dans une caverne du Sud de la France qui apporte des éléments de réponse.

Il y a 54 000 ans

Il s’agit de la grotte Mandrin qui, grâce à des pointes de flèche découvertes dans les années 1990, puis une dent découverte en 2018, avait permis d’établir que des Homo sapiens étaient arrivés dans la région il y a 54 000 ans, soit 10 000 ans plus tôt que ce que l’on croyait jusqu’alors, lisait-on dans une étude parue en 2022 dans la revue Science Advances.

Cette grotte présentait aussi la particularité d’avoir été occupée «en alternance». Après avoir été habitée par des Néandertaliens pendant une période de temps indéterminée, elle avait été occupée par des Homo sapiens il y a 54 000 ans.

Et ce pendant 40 ans — d’après l’analyse des couches de suie qui recouvrent le sol lorsqu’on y allume des feux. Puis à nouveau par des Néandertaliens pendant 12 000 ans. Et pour finir par des Homo sapiens.

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Néandertaliens partis, puis revenus

Cela donne à cette grotte, pour tous ceux qui s’interrogent sur le sort des Néandertaliens, une valeur unique: c’est le seul endroit connu où des Néandertaliens sont partis, puis revenus.

Et l’analyse des couches de suie est assez précise pour que l’on ait pu déterminer qu’il s’était écoulé à peine un an, il y a 54 000 ans, entre l’avant-dernière occupation des Néandertaliens et leur remplacement par des Homo sapiens.

Dès lors, la question des interactions entre les deux groupes se pose, explique Ludovic Slimak, du Centre d’anthropologie et de génomique de Toulouse, auteur principal de l’étude de 2022.

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Néandertalien (à g.) et Homo sapiens, selon le magazine American Scientist.

Coopération entre Néandertaliens et Homo sapiens?

Slimak fait partie de ceux qui croient qu’il y a eu coopérations, et non affrontements, entre les deux groupes, sur la base des similitudes entre les types de pointes de flèches utilisées par des groupes séparés par une centaine de kilomètres.

Et aussi, sur la base du fait que les Néandertaliens sont revenus, et ont continué de résider dans cette grotte pendant 12 000 ans, après leur première rencontre avec des Homo sapiens.

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Métissage?

Ces dernières années, des dents et des fragments du squelette d’un individu ont été retrouvés à proximité de la grotte, datés de la période de dernière occupation des Néandertaliens. Une analyse du génome de cet individu, parue en septembre dans la revue Cell Genomics, confirme qu’il s’agit d’un Néandertalien, mais «divergent» des autres Néandertaliens…

Cela signifie qu’il faisait partie d’une «lignée» ou d’une «famille» qui s’était séparée longtemps auparavant du groupe principal et en était restée isolée pendant des dizaines de milliers d’années.

Or, ce n’est pas la première fois que les analyses de génomes de Néandertaliens révèlent ce que les experts appellent en termes savants de «l’homozygosité». Lorsque des individus ont hérité du même variant de leurs deux parents, suggérant que l’on a affaire à des petits groupes qui se reproduisent entre eux, avec peu de contacts avec l’extérieur.

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Un homme de Néandertal selon la couverture du catalogue d’une exposition au Musée canadien de l’histoire en 2019.

Assimilation?

Les Néandertaliens y ont-ils été poussés en raison de l’arrivée des Homo sapiens? Les bébés «hybrides» auraient-ils été davantage intégrés aux groupes d’Homo sapiens, favorisant la diversité génétique des uns au détriment des autres?

Quelle qu’en soit la raison, cet isolement pourrait être ce qui aurait progressivement mené les Néandertaliens à leur fin.

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Et cette réalité se refléterait, selon les experts de la grotte Mandrin interrogés par le New Scientist, jusque dans le manque de variété des styles de pointes de flèches au fil des millénaires.

Auteurs

  • Pascal Lapointe

    Journaliste à l'Agence Science-Presse, média indépendant, à but non lucratif, basé à Montréal. La seule agence de presse scientifique au Canada et la seule de toute la francophonie qui s'adresse aux grands médias plutôt qu'aux entreprises.

  • Agence Science-Presse

    Média à but non lucratif basé à Montréal. La seule agence de presse scientifique au Canada.

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