Nash, ambassadrice du rap nouchi

nouchi, Côte d'Ivoire
La rapeuse ivoirienne Nash chante principalement en nouchi, une langue née en Côte d’Ivoire et comprenant des mots de plus de 60 autres langues et dialectes. Photo: courtoisie
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Publié 12/06/2024 par Roger Clavet

COLLABORATION SPÉCIALE – Le nouchi, un dialecte ivoirien, a son ambassadrice: la rapeuse Nash, de son vrai nom Natacha Flora Sonloué. Depuis les tout débuts de sa carrière en Côte d’Ivoire, Nash popularise le «rap nouchi».

En 1998, Nash s’installe avec ses parents à Yopougon, la commune la plus populeuse d’Abidjan. C’est à ce moment que débute véritablement sa carrière musicale. Elle se démarque rapidement par un style d’argot urbain ivoirien appelé «nouchi».

Ce dialecte est né d’un certain mécontentement d’un groupe de jeunes peu scolarisés à l’égard du pouvoir dans les années 1970. Il inclut des mots d’une soixantaine de langues présentes dans la région de la Côte d’Ivoire.

Artiste engagée pour le bienêtre des enfants, Nash est nommée ambassadrice nationale de l’UNICEF en Côte d’Ivoire en 2019. Elle milite pour la cause des enfants de la rue victimes de violence. Elle aide aussi les jeunes désœuvrés à travers son ONG, Sciençons.

Voici une discussion avec l’artiste sur son engagement en faveur du nouchi et de la justice sociale.

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Roger Clavet (RC): On vous surnomme la «go cracra du djassa». Qu’est-ce que ça signifie?

Nash: Littéralement, cela veut dire «la fille courageuse du marché noir» ou, si on veut, «la chanteuse de l’underground ivoirien». Je représente le ghetto des quartiers ivoiriens.

RC: Pour une artiste engagée comme vous, j’imagine que ce surnom est loin d’être péjoratif.

Nash: Bien au contraire. Je suis contente de faire partie d’un mouvement d’artistes engagés qui luttent contre les inégalités et la violence infligée aux enfants de la rue.

RC: Et le nouchi se marie bien avec cette cause et avec votre musique?

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Nash: Absolument. Un peu comme le nouchi est né du mécontentement des jeunes à la fin des années 1970, ce langage de la rue colle parfaitement au rap nouchi que je pratique.

RC: On dit de vous que vous êtes l’ambassadrice du nouchi. C’est bien le cas?

Nash: Comme ambassadrice nationale de l’UNICEF en Côte d’Ivoire, je milite en faveur de la reconnaissance du nouchi comme langue faisant partie du Patrimoine mondial de l’UNESCO. Ce n’est pas une mince tâche. Pour cela, je dois établir un lexique complet des termes nouchi. Cela fait malheureusement une trentaine de fois que je l’égare. Je dois recommencer à chaque fois. Ça ne facilite pas les choses.

RC: Gardez-vous espoir de faire reconnaitre le nouchi comme faisant partie du Patrimoine collectif ivoirien?

Nash: Il faut absolument qu’on reconnaisse son essentielle contribution. C’est une langue riche en ajouts de mots métissés. Bref, ça ressemble beaucoup à ma vision d’artiste. Mon plus récent album, Ambition nouchi, est essentiellement écrit en nouchi. Je pense qu’ultimement, le nouchi va finir par être reconnu officiellement.

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Auteurs

  • Roger Clavet

    Journaliste, auteur, consultant en communication, globetrotteur, observateur électoral et formateur en journalisme à l’international. En plus d’un séjour en Côte d’Ivoire, Roger Clavet a travaillé et vécu dans une douzaine d’autres pays d’Afrique, en Haïti et en République populaire de Chine.

  • Francopresse

    Le média d’information numérique au service de la francophonie canadienne, qui travaille de concert avec les journaux membres de Réseau.Presse.

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