Mouvement citoyen pour la paix et la sécurité en Haïti (1)

Armoiries d'Haiti
Les armoiries d'Haïti.
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Publié 14/09/2025 par Annik Chalifour

En mai 2025, des patriotes convaincus, vivant en Haïti et dans la diaspora, ont entrepris de rallier le peuple haïtien «afin de porter secours à la patrie en danger et de permettre au pays de retrouver sa dignité». Ils ont, pour cela, amorcé l’Initiative citoyenne en faveur de la sécurité et la paix (ICiSP).

L’ICiSP est une organisation sociale, apolitique, sans but lucratif, dont le Manifeste, alimenté sur une longue période par ces patriotes engagés, affirme que «la solution au problème d’insécurité en Haïti doit provenir du peuple haïtien, avec l’appui de ses vrais alliés».

Elle s’engage à restaurer la paix en Haïti en mobilisant la population haïtienne et ses amis pour soutenir l’État dans la lutte contre l’insécurité. Toute personne physique ou morale animée du même désir que l’ICiSP peut se joindre à sa mission.

L’ICiSP s’engage à mobiliser la population pour soutenir l’État dans la lutte contre l’insécurité. Photo: ICiSP.

Droit à la paix et à la sécurité

«Pour autant qu’on puisse prévoir l’avenir, ce qu’on voit poindre à l’horizon en Haïti, c’est l’enfermement de la société dans un dilemme où elle aurait à choisir entre la prise du pouvoir par les gangs et l’obligation d’une tutelle pour nous libérer de ce pouvoir ignoble», cite le Manifeste de l’ICiSP.

Face à cette réalité, l’organisation revendique essentiellement «le droit pour le peuple haïtien de vivre dignement, en paix et en sécurité, sur la terre héritée des ancêtres». Ce que veulent les patriotes haïtiens, c’est qu’on les laisse libres et tranquilles pour prendre leur destin en main. Ils ne veulent plus être repoussés partout et être bousculés dans leur propre pays par ceux-là mêmes qui les repoussent chez eux.

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Ainsi s’engagent-ils notamment par un travail de sensibilisation visant à éduquer la population sur les enjeux de l’insécurité en Haïti et les actions nécessaires pour un changement positif.

Syndicat citoyen

La démarche de l’ICiSP repose principalement sur le constat des effets de la crise actuelle en Haïti: «Les coûts économiques et sociaux énormes de cette insécurité galopante pour toutes les couches de la société, intimement liée à la faillite de l’État et des structures de gouvernance mises en place.»

L’organisation se comporte ainsi comme un «syndicat citoyen» revendiquant le droit à la sécurité et la paix pour ses membres, citoyennes et citoyens. Il se veut «une force sociale» de proposition pour promouvoir la bonne gouvernance au bénéfice de tous.

Honnêteté, patriotisme, compétence

L’ICiSP priorise l’incarnation d’une éthique axée sur «les valeurs d’honnêteté, de patriotisme et de compétence des personnes appelées à former la transition vers une Haïti moderne fondée sur le vivre-ensemble et la notion de citoyenneté, plutôt que sur l’origine institutionnelle ou sociale de ces personnes».

Haïti
Sandra Jean-Gilles

Les membres du Conseil d’administration de l’organisation illustrent ces valeurs dont la présidente de  l’ICiSP, Sandra Jean-Gill, socio-économiste et professeure à l’Institut des Sciences, des Technologies et des Études avancées d’Haïti (ISTEAH).

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Sandra Jean-Gilles co-dirige également la cellule stratégique du Rasanbleman Sitwayen, structure ombrelle de la société civile haïtienne. Ces responsabilités s’ajoutent à son passé de coordonnatrice du Mouvman Pou Vwa Fanm yo, organisation féministe prônant la participation effective des femmes aux instances décisionnelles du pays.

Ingéniosité populaire et résilience communautaire

Dans une Haïti où les gangs contrôlent 60 % du territoire et où les institutions peinent à fonctionner, Sandra Jean-Gilles prône une approche révolutionnaire: «Documenter ce qui marche déjà au lieu d’imposer des solutions extérieures.»

Ses publications en revues spécialisées témoignent de cette vision: valoriser les pratiques des femmes commerçantes, comprendre les mécanismes; l’entraide communautaire, analyser les systèmes économiques informels.

«Être née haïtienne est un privilège, mais aussi une responsabilité», résume la présidente de l’ICiSP engagée, qui refuse de séparer théorie et pratique, recherche académique et action militante.

À l’ère où Haïti cherche ses voies de sortie de crise, Sandra Jean-Gilles propose de partir de ce qui existe déjà: ingéniosité populaire et résilience communautaire.

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Vision commune de la gestion du pays

«Je fais partie de l’initiative citoyenne, car je suis persuadée qu’en se mettant ensemble avec un but commun, la société civile regroupée trouvera une solution haïtienne à la crise qui perdure depuis plus de trois décennies», affirme Ginette Pérodin Mathurin, ingénieure civile et sanitaire, membre du Rasanbleman Sitwayen dont l’ICiSP en fait partie.

Haïti
Ginette Pérodin Mathurin.

«En projetant une vision commune de la gestion du pays, on parviendra à le développer et permettre ainsi l’épanouissement de la nation haïtienne en servant de pont entre la population et les gouvernements pour assurer que les bonnes décisions soient prises au profit de la majorité.»

Produire la richesse durable

Ginette Pérodin Mathurin est présidente de l’organisme Démarches Citoyennes pour le rétablissement de l’État-Nation Ayisyen qu’elle a créé en 2022, qui est également membre du Rasanbleman sitwayen.

Rappelons que cet organisme a produit l’ouvrage Visions de femmes avisées et engagées paru en 2024, exprimant les voix solidaires de femmes haïtiennes militant envers la relève possible du pays.

L’ouvrage Visions de femmes avisées et engagées paru en 2024,

Elle est aussi présidente de la Fondation Dr Daniel Mathurin pour l’éducation, la science et la culture.

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Ginette Pérodin Mathurin poursuit, sans relâche, l’objectif d’apprendre aux Haïtiens, à se connaître pour mieux apprécier les autres et à connaître les richesses de leur sous-sol et de leur territoire, « conditions nécessaires à leur épanouissement et un facteur de production de richesse pour un développement économique et social durable. »

Changer Haïti

«Ce ne sont pas les structures politiques qui manquent en Haïti, mais plutôt une société civile forte, honnête et engagée, capable, en cas de défaillance des institutions régaliennes, d’arbitrer les conflits et de contrebalancer les politiques lorsque ces derniers prennent des orientations qui sont contraires à l’intérêt général du pays et à la bonne gouvernance», selon l’ICiSP.

Haïti veut et peut changer, à travers l’orientation de son patrimoine humain – une population majoritairement jeune – garant de son avenir socioéconomique durable.

Haïti
Rasanbleman fait partie du «Plan pour la paix» lancé par la campagne internationale de Solidarité du Groupe de réflexion et d’action pour une Haïti nouvelle (GRAHN-Monde). Photo: ICiSP.

La plateforme virtuelle de l’organisation permet de s’engager sur le plan civique et stratégique, dans l’encadrement et le financement de l’organisation.

Pour qu’un nouveau membre rejoigne le l’organisation, il doit s’engager par écrit à respecter la Charte de l’ICiSP.

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(Un deuxième article suivra sous peu portant sur le Rasanbleman Sitwayen dont l’ICiSP, Démarches Citoyennes et Kombit Sitawyen Konsene (KOSIKO) sont les fers de lance pour instituer cette société civile organisée et revendicatrice.)

Auteur

  • Annik Chalifour

    Chroniqueuse et journaliste à l-express.ca depuis 2008. Plusieurs reportages réalisés en Haïti sur le tourisme solidaire en appui à l’économie locale durable. Plus de 20 ans d'œuvre humanitaire. Formation de juriste.

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