Jean-Paul Desbiens, alias Frère Jérôme, alias Frère Untel, n’est plus. Celui qui s’est fait connaître, en 1960, pour ses Insolences du Frère Untel, est décédé le 24 juillet dernier d’une insuffisance pulmonaire. Connu surtout pour sa critique mordante de la société québécoise à une époque où l’Église catholique régnait en imposant la peur et l’ignorance, Jean-Paul Desbiens aura été un précurseur des bouleversements de la Révolution tranquille.
Né en 1927 à Métabetchouan, au Lac-Saint-Jean, Jean-Paul Desbiens fait des études chez les Frères maristes et prend la soutane alors qu’il est encore adolescent. Devenu Frère Jérôme, il obtient un baccalauréat ès arts à l’Université de Montréal en 1956 et reçoit un diplôme en philosophie de l’Université Laval en 1958.
L’année suivante, il commence à écrire à André Laurendeau, directeur de La Presse, pour dénoncer la piètre qualité du système scolaire québécois. Il s’élève, entre autres, contre l’utilisation du joual (français de basse-cour: joual = cheval).
Les Éditions de l’Homme publient les réflexions du Frère Jérôme sous le titre Les Insolences du Frère Untel. L’ouvrage a l’effet d’une bombe car un religieux dénonce la piètre qualité du système scolaire québécois… qui est essentiellement entre les mains des communautés religieuses.
L’Église du Québec ne tolère pas cette critique et s’arrange pour faire disparaître le Frère Untel. Il est envoyé en exil à l’Université de Fribourg, de 1962 à 1964 (pour compléter un doctorat!). À son retour, le titulaire du nouveau ministère de l’Éducation, Paul Gérin-Lajoie, retient les services du Frère Jean-Paul Desbiens à titre de conseiller spécial (il dirigera les programmes du niveau collégial de 1964 à 1970).