Moncton, ville scripturale

Benoit Doyon-Gosselin, Moncton mentor
Benoit Doyon-Gosselin, Moncton mentor, géocritique d’une ville, essai, Moncton, Éditions Perce-Neige, 2022, 152 pages, 25 $.
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Publié 08/02/2023 par Paul-François Sylvestre

Moncton est une ville qui s’est inventée en français. Benoit Doyon-Gosselin le démontre clairement dans un essai intitulé Moncton mentor, géocritique d’une ville.

Il convoque les œuvres de maints auteurs acadiens (Gérald Leblanc, Serge Patrice Thibodeau, France Daigle, notamment), mais également celles d’auteurs ayant porté un regard sur cette ville, comme Jean-Paul Daoust.

En citant Bertrand Westphal, chef de file de l’approche géocritique, l’auteur signale qu’il s’agit de cerner au départ la dimension littéraire des lieux, «de dresser une cartographie fictionnelle des espaces humains».

La ville devient alors scripturale.

Littérarisation de Moncton

Les travaux sur la géocritique de Moncton utilisent les œuvres de Gérard Leblanc et de France Daigle pour rendre compte de la vitalité de la ville, de sa littérarisation.

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Ces deux auteurs présentent des points de vue importants, mais constituent les parties d’un tout plus vaste qui comprend de nombreuses interactions entre les espaces humains et la littérature.

Avec son université, la compagnie d’assurances Assomption-Vie, Radio-Canada Atlantique, les Éditions Perce-Neige et le Centre culturel Aberdeen, Moncton est «le siège social» de la modernité acadienne.

Contrairement à ces hauts-lieux «érigés ou élus», la rivière Petitcodiac et son mascaret forment un haut-lieu naturel.

Mascaret social

Dans le premier recueil de poésie publié aux Éditions d’Acadie en 1972, un poème de Raymond-Guy Leblanc s’intitule Petitcodiac. Il évoque le mascaret et «le lie à la lutte entre les francophones et les anglophones».

Avec l’inscription de la ville dans ses romans plus récents, France Daigle fait de Moncton une ville écrite et une ville qui s’écrit.

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«Moncton devient ainsi une ville-livre, mais également une ville-live qui suggère de nouvelles pratiques de sociabilités redéfinissant les identités.»

1755

L’auteur signale que, pendant quelques années, l’un des vols quotidiens à destination de Montréal quittait l’aéroport de Moncton à 17h55. Est-ce un hasard? Est-ce fait exprès?

On sait que la déportation des Acadiens (le Grand Dérangement) a eu lieu en 1755 et qu’un groupe musical s’est appelé 1755.

Quand le poète québécois Jean-Paul Daoust pose son regard sur Moncton et les gens qui l’animent, il en résulte une poésie urbaine du quotidien où se côtoient l’humour, l’amitié et une tendre loyauté, libre de toute complaisance.

Daoust a passé trois mois d’hiver dans cette ville pour y écrire ses Carnets de Moncton, scènes de la vie ordinaire. Il l’a fait dans le sillage du départ de Gérald Leblanc, le poète regretté dont l’œuvre rayonne au coeur de cette ville qu’il a tant aimée.

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Benoit Doyon-Gosselin

Benoit Doyon-Gosselin voit dans Moncton un lieu d’émancipation intellectuelle et de passion pour une littérature, un lieu d’interactions entre les deux.

Né à Trois-Rivières, Benoit Doyon-Gosselin est professeur agrégé et titulaire de la Chaire de recherche du Canada en études acadiennes et milieux minoritaires à l’Université de Moncton.

Il s’intéresse à la littérature acadienne et aux littératures francophones en milieux minoritaires, et plus particulièrement à la sociologie de la littérature.

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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