Micromobilité dangereuse en ville: la police compte serrer la vis

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Scooter, trottinette et piétons partagent la traverse de la rue. Photo: François Bergeron, l-express.ca
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Publié 25/11/2024 par Soufiane Chakkouche

Il n’est pas rare à Toronto de voir un vélo, une trottinette ou un scooter électrique pilotés par une personne ou un livreur pressé se faufilant à pleine vitesse parmi les passants sur un trottoir réservé aux piétons.

De telles rencontres peuvent s’avérer dangereuses pour ces derniers, ce qui a poussé certains citoyens à pousser un cri d’alarme dont l’écho semble avoir atteint l’oreille de la police.

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Les piétons croisent de plus en plus de scooters, trottinettes et vélos de livraison. Photo: François Bergeron, l-express.ca

Relativement nouveau

Le phénomène est tel que, lors d’une récente déclaration en conférence de presse, le surintendant par intérim de la police de Toronto, Don Belanger, a qualifié de «problème en cours» l’actuel dispositif législatif concernant les véhicules de micromobilité sur les routes de Toronto.

Nadine
Nadine Ramadan.

Et pour cause, «ces véhicules sont encore relativement nouveaux sur nos routes, et tous les opérateurs ne connaissent pas nécessairement les lois encadrant leur utilisation, tant au niveau municipal qu’en vertu du Code de la route de l’Ontario», reconnaît la conseillère principale en communications de la police de Toronto, Nadine Ramadan

Des morts et des blessés

Il faut dire que le nombre de ces engins ne cesse d’augmenter. «Nous savons que la ville a observé une augmentation de l’utilisation de ces différents dispositifs», fait remarquer Nadine Ramadan.

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Et d’ajouter: «C’est dans cette optique que, plus tôt ce mois-ci, nous avons annoncé le lancement de notre campagne Des trajets sécuritaires, des rues sécuritaires, une campagne de deux semaines visant à sensibiliser le public et à renforcer les efforts d’application des règles de circulation pour les véhicules de micromobilité.»

Et, qui dit hausse d’utilisation, dit hausse des risques d’accident. En effet, selon la police, neuf personnes ont déjà été tuées ou grièvement blessées en utilisant un véhicule de micromobilité depuis le début de l’année.

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Deux trottinettes sur le trottoir. Photo: François Bergeron, l-express.ca

Incidents à répétition

Toutefois, une autre catégorie – et celle-là n’a rien demandé à personne – subit à plein fouet les préjudices de ce phénomène: les piétons. À l’instar de Fabienne Breton, une Torontoise habituée à se déplacer à pied en ville.

Fabienne
Fabienne Breton.

«Il m’est arrivé plusieurs fois de passer à côté de me faire faucher par un de ces engins, alors que je marche tranquillement sur le trottoir. La dernière fois c’était mardi dernier», relate-t-elle.

Or, c’était loin d’être sa pire expérience. «Mais là où je me suis dit que les autorités devraient absolument faire quelque chose, c’était cet été. Je marchais sur le trottoir de la rue Yonge, entre Adelaïde et Queen, une artère achalandée lorsque, soudainement, un scooter électrique est apparu devant moi obstruant complètement le passage. J’ai failli tomber mais j’ai réussi à me rattraper et à éviter de justesse un enfant et un adulte sur ma gauche quand ma main droite a heurté le casque du conducteur. »

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Et ce n’est pas fini, une fois la peur passée, «le conducteur est revenu vers moi, toujours sur le trottoir. Il était devenu agressif et il a commencé à me couper le chemin et à me pousser vers la rue. Il a fallu que deux bons samaritains interviennent pour me protéger», poursuit Fabienne Breton.

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Un vélo électrique de livraison à trois roues. Photo: François Bergeron, l-express.ca

Les limites de la verbalisation

Par ailleurs, si la police tient à jour les données relatives aux accidents impliquant les conducteurs des engins de micromobilité, il n’en est rien concernant le nombre de contraventions, comme l’explique Nadine Ramadan.

«Les données que nous collectons concernant les contraventions ne sont pas très cohérentes, car l’utilisation des véhicules de micromobilité à Toronto est encore relativement récente. Je ne suis donc pas en mesure de vous fournir un chiffre précis.»

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Sur la rue, le trottoir ou la piste cyclable: ce qui est légal ou pas. Source: Ville de Toronto

La police ne peut pas être partout

L’autre limite importante est d’ordre pratique. En effet, que cela soit pour un excès de vitesse, un passage au feu rouge, une utilisation des trottoirs ou un non-port du casque, les agents de la circulation ont ordre d’intercepter ceux qui enfreignent la loi et les verbaliser. Or, la police ne peut pas être partout et tout le temps.

De plus, la police ne peut pas compter sur les témoins oculaires, «vu que ces véhicules ne portent pas de plaques d’immatriculation pour les identifier», déplore Fabienne Breton.

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Enfin, pour rappel, les conducteurs pris en flagrant délit d’infraction risquent actuellement des amendes commençant à 90$. Tout porte à croire que ce montant serait revu à la hausse dans un avenir très proche. Affaire à suivre…

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