Matroni et moi: des Indisciplinés profonds, vulgaires et saisissants

Du 22 au 24 novembre au Beverley Halls

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Publié 13/11/2012 par Guillaume Garcia

Câlisse, criss, tabouère… Ceux qui sont allergiques aux insultes devront se boucher les oreilles s’ils veulent voir le dernier spectacle que monte la troupe de théâtre communautaire des Indisciplinés de Toronto. Après avoir présenté des oeuvres classiques, des créations et des textes plus « sages », la troupe a décidé de changer de cap. Direction le Québec, et la pièce Matroni et moi d’Alexis Martin, une œuvre sur la rencontre de deux mondes, deux personnages, un voyou et un pseudo-intello tout frais sorti des études.

La pièce d’Alexis Martin aurait pu donner du fil à retordre aux Indisciplinés de Toronto. Les personnages sont très stéréotypés et il fallait trouver des comédiens crédibles pour les jouer. Entre le mafieux à la carrure imposante, le voyou qui lui sert de bras droit et le jeune intellectuel assis sur ses principes, on ne s’ennuiera guère au moment de voir la pièce.

«Les personnages sont des stéréotypes. Il a fallu trouver les bonnes personnes pour ça. C’était un défi pour les gens, mais les choses ont fini par bien cliquer», dit Pierre Gregory, le metteur en scène de la pièce, qui peut compter sur l’appui de Audrey-Maude Southière pour l’assister.

Gilles (Julien Daviau) termine sa thèse de doctorat sur la mort de Dieu lorsqu’il rencontre, et tombe amoureux de Guylène (Kim Desrochers), une jeune femme sans éducation, sœur de Bob (Jérôme Laflamme), un voyou qui fait le sale boulot de Matroni (Daniel Bourque), un boss mafieux.

Ajoutez à cela le père de Gilles (Serge Paul) qui intervient plus tard dans la pièce, un narrateur (Pierre McLaughin) et vous aurez toute la distribution de la pièce.

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Pierre, a vu la pièce Matroni et moi à Montréal, à la fin des années 90.

«C’est un texte hyper drôle, très noir. C’est une comédie très noire et c’est aussi très intellectuel. On a de l’humour grossier et un texte très profond. On traite des conséquences morales de la mort de Dieu, et il y a plusieurs références, père-fils», explique le metteur en scène.

L’intrigue est assurée par la relation entre Gilles, l’intello qui n’a jamais sorti la tête de ses bouquins et Matroni, un boss qui gère de près ses affaires, surtout quand il s’agit de savoir qui lui plante des couteaux dans le dos. Personnage plus gros que lui-même, Matroni sacre aux deux mots et ne peut s’empêcher d’employer la force pour se faire entendre.

De l’autre côté, Gilles multiplie les métaphores pour appuyer sa pensée, ce qui énerve passablement Matroni. Deux mondes, deux milieux sociaux, deux niveaux de langue se font face. De cette dualité langagière, de cette grossièreté nait le rire. Mais il faudra aller plus loin que les insultes pour comprendre le véritable message derrière Matroni et moi et surtout pour apprécier le texte.

«C’est peut-être le texte qui a le plus de profondeur qu’on a joué, même si c’est vulgaire. Je pense que le public peut avoir deux réactions: Soit il s’offense et ne voit pas le propos, soit il passe au-dessus de la vulgarité et voit toute la beauté du texte», nous éclaire Pierre Gregory.

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Gilles, l’intello, se retrouve embarqué dans une affaire de règlement de compte et voilà toute sa morale, son éthique, mises à l’épreuve de la réalité, cette réalité dont il s’était éloigné à force de ne vivre qu’à travers des livres. Gilles doute, et s’aperçoit que sans être appliqués dans la réalité, les plus beaux principes du monde ne servent à rien.

Quatre des cinq scènes que comprend la pièce se déroulent dans la cuisine de Guylène; la cinquième se passe dans le bureau de Matroni. Les Indisciplinés nous réservent d’ailleurs une petite surprise pour cette scène…

Pièce assez longue, 90 minutes, Matroni et moi a donné des sueurs froides aux comédiens au moment de la mémorisation du texte, mais tout devrait être fin prêt pour la première, le 22 novembre prochain.

La pièce Matroni et moi, du 22 au 24 novembre au Beverley Halls: 206, rue Beverley (près de College et Spadina) à Toronto. Et les Indisciplinés vous le rappelle: c’est une pièce avec des gros mots!

Auteur

  • Guillaume Garcia

    Petit, il voulait devenir Tintin: le toupet dans le vent, les pantalons retroussés, son appareil photo en bandoulière; il ne manquait que Milou! Il est devenu journaliste, passionné de politique, de culture et de sports.

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