Marc Chagall en musique au MBAM

Marc Chagall travaillant aux panneaux du Metropolitan Opera de New York: Le Triomphe de la Musique (détail), atelier des Gobelins, Paris, 1966.
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Publié 13/03/2017 par Gabriel Racle

Le Muée des beaux-arts de Montréal (MBAM) présente jusqu’au 11 juin 2017 une exposition intitulée Chagall. Couleur et musique. C’est la première fois que se tient au Canada une rétrospective de cette ampleur, puisqu’il est possible d’y admirer 340 œuvres de ce peintre.

Juif russe

Ce peintre et graveur porte un nom francisé puisqu’il est né dans la ville de Liozm, près de Vitebsk (actuelle Biélorussie), dans l’Empire russe, le 6 juillet 1887, dans une famille juive, sous le nom de Moïche Zakharovitch Chagalov. Il étudie les beaux-arts à Saint- Pétersbourg.

Il part pour Paris en 1910, où il fait un premier séjour, au contact des mouvements artistiques du moment, le fauvisme en déclin et le cubisme qui y apparaît. Il visite le musée du Louvre et rencontre des artistes comme Robert Delaunay, un cubiste (orphiste) qui joue avec la couleur. Jean Metzinger, un cubiste, le Douanier Rousseau et d’autres.

En 1914, il retourne à Vitebsk, où il reste bloqué par la guerre. Il travaille donc sur place, il expose à de nombreuses reprises entre 1916 et 1917, devient «commissaire aux beaux-arts» et responsable de la vie artistique de Vitebsk après la Révolution soviétique. En 1922 il se rend à Berlin, puis à Paris. Il va aux États-Unis où ses œuvres sont bien connues.

Dans les années 1927-1928, il s’installe dans le sud de la France avec sa famille, et il adopte la nationalité française en 1937. Il poursuit son travail d’artiste non sans quelques péripéties.

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Et il termine son existence à 98 ans, le 28 mars 1985, à Saint-Paul-de-Vence, à une vingtaine de kilomètres de Nice où un musée lui est entièrement consacré. Il est désormais un artiste célèbre et reconnu dans le monde entier.

Musique, couleur, religion

Il faut de suite souligner une originalité de l’exposition, l’apport sonore du «Panthéon musical personnel de l’artiste, qui constitue à lui seul un formidable hommage aux compositeurs qui ont marqué l’histoire de la musique» (Jazz Culture), accompagnant le visiteur, grâce à un dispositif musical spécial.

Et cette évocation du Triomphe de la musique n’est pas un hasard. On pourrait dire, et ceci est important si l’on veut comprendre les œuvres de Chagall, qu’une trilogie est à la base de celles-ci, la musique, la couleur, la religion.

La musique comme la religion lui viennent de son enfance influencée par la fréquentation de la synagogue de Vitebsk et l’importance de ses chants. Et déjà en 2015-2016, l’exposition de la Philharmonie de Paris intitulée Marc Chagall : Le Triomphe de la musique, témoignait du rôle de l’art musical chez Chagall.

Et les toiles qui constituent son travail sur la Bible, que nous avons pu admirer au Musée Chagall de Nice, attestent de l’importance de la religion chez cet artiste, et l’on peut remarquer cette influence dans des pièces exposées à Montréal.

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La couleur, sur laquelle le MBAM met l’accent, est un trait dominant de la peinture de Chagall, signalé dans toutes les expositions qui lui sont consacrées. «Chagall ou la passion des couleurs» titrait une journaliste d’AcoraVox pour parler d’une exposition au Musée du Luxembourg à Paris.

Influences parisiennes

La visite d’une telle exposition, plus riche qu’il n’est possible d’en rendre compte tant sont somptueux ses différents aspects, est donc une rare occasion de découvertes.

L’exposition est accompagnée de dispositifs multimédias: musiques, films, diaporamas, photos, et d’une projection du célèbre plafond de l’Opéra de Paris, «grâce à un dispositif exceptionnel développé par le Google Lab» et utilisé lors de l’exposition Le triomphe de la musique,

Le visiteur aura l’occasion de constater l’importance des influences artistiques parisiennes sur Chagall. Outre la couleur, le cubisme est un autre exemple que l’on retrouvera dans certains tableaux de l’exposition comme La Naissance (1911-1912) ou l’Autoportrait aux sept doigts (1912-1913), des figures inversées en mouvement, Les Joueurs de cartes (1919), ou des œuvres explorant le thème du cirque Le Cirque bleu (1950-1952).

«J’ai choisi la peinture: elle m’était aussi indispensable que la nourriture: elle me paraissait comme une fenêtre à travers laquelle je m’envolerais vers un autre monde.» (Marc Chagall, mars 1958).

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Nous ne pouvons malheureusement pas présenter, comme nous le faisons pour toutes les expositions, le catalogue de celle-ci. Il ne nous a pas été communiqué en service de presse.

Complément

Du 17 février au 7 mai a lieu au MBAM l’exposition Adel Abdessemed: Conflit. Dans le Carré d’art contemporain, l’installation de l’artiste franco-algérien met en scène deux sculptures d’ivoire, Cri (2013) et Mon enfant (2014), entourées de 38 dessins à la pierre noire.

De plus, on pourra prendre connaissance de deux œuvres majeures de l’artiste de Winnipeg, Sarah Anne Johnson, offertes par le Cirque du Soleil: Sans titre (Goélette et feux d’artifice) (2012), une installation monumentale de plus de 635 cm de diamètre, et Explosion Panorama (2013), une photographie panoramique rehaussée d’encres (76×238 cm).

Marc Chagall: Abraham et les trois anges. 1960-66, huile sur toile,190 x 292 cm. Musées nationaux des Alpes Maritimes, Nice, France.
Marc Chagall: Abraham et les trois anges. 1960-66, huile sur toile,190 x 292 cm. Musées nationaux des Alpes Maritimes, Nice, France.

Auteur

  • Gabriel Racle

    Trente années de collaboration avec L'Express. Spécialisé en communication, psychocommunication, suggestologie, suggestopédie, rythmes biologiques, littérature française et domaine artistique. Auteur de très nombreux articles et d'une vingtaine de livres dont le dernier, «Des héros et leurs épopées», date de décembre 2015.

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