Plus que de la musique, le djembé incarne l’histoire du Mandingue, une culture piétinée peu à peu par la mondialisation. Mamady Keïta, un maître guinéen, incarne à son tour toutes les facettes de cet instrument ancestral et en est devenu l’ambassadeur à travers la planète.
Toronto n’est qu’une étape parmi tant d’autres, parmi toutes les métropoles occidentales envahies depuis maintenant les années 50, période à laquelle le djembé a séduit le monde. Sorti d’Afrique grâce à Fodéba Keïta et les ballets africains, c’est dans les années 1980 que le djembé va véritablement se voir propulser sur la scène internationale grâce à de grands djembefola issus des ballets nationaux.
Mamady Keïta en est le principal instigateur. Après 15 années de tournées planétaires au service du Ballet national Djoliba, ce maître du tam-tam a fondé 14 centres d’apprentissages. C’est en Belgique que sa première école est créée, et depuis elles fleurissent partout, des États-Unis au Japon en passant même par Israël.
C’est cette envie de défendre une tradition, la rythmique charnelle par essence de l’Afrique de l’ouest qui a motivé cet homme «sage»: «Le modernisme est en train de piétiner notre tradition et moi, je me suis mis au service de la tradition, pour me battre pour qu’elle reste.»
Car le djembé ce n’est pas qu’un instrument. C’est beaucoup plus qu’un simple tambour en bois et peau de chèvre. Oui, le son du djembé est l’esprit permanent qui règne dans la vie des habitants de l’ancien empire du Mandingue (aujourd’hui le Mali, la Guinée, le Sénégal, la Gambie, la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso). Il se joue pour la danse, «il faut maîtriser les rythmes et la communication», selon Mamady.