Magritte: le champion belge du surréalisme pictural

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Publié 22/03/2011 par Gabriel Racle

Et champion il l’est bien, puisque le 2 juin 2009 s’ouvrait à Bruxelles un Musée qui lui est consacré. Situé place Royale, ce musée offre la collection multidisciplinaire la plus riche au monde d’œuvres du peintre et compte plus de 200 pièces, huiles sur toile, gouaches, dessins, sculptures et objets peints, mais aussi des affiches publicitaires, partitions de musique, photos et films réalisés par Magritte lui-même.

Qui est Magritte?

Le 21 novembre 1898 naissait René François Ghislain Magritte, premier fils d’une famille belge résidant alors à Lessines, une petite ville de la province du Hainaut. Son père était tailleur et marchand de textiles et sa mère modiste, avant son mariage.
On sait peu de choses de son enfance. Il aura deux frères. De nombreux déménagements marquent ces années, car les affaires de son père vont mal, et sa mère se suicide par noyade en 1912. Ce n’était pas sa première tentative.

En 1910, René avait commencé des cours de dessin et de peinture. Son père déménage à Charleroi, agglomération wallonne, où il étudie à l’athanée de la ville.

On connaît sa passion pour les films de Fantômas et les auteurs de romans policiers, comme Edgar Allan Poe, Maurice Leblanc et Gaston Leroux. En peinture, il est influencé par l’impressionnisme, alors qu’il étudie à l’Académie des beaux-arts de Bruxelles (1916-1920).

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Il fait alors la découverte des travaux des futuristes. Né en Italie, le futurisme est un mouvement littéraire et artistique du début du XXe siècle (de 1904 à 1920), qui rejette la tradition esthétique au profit du monde moderne. Magritte est séduit: «J’avais devant les yeux cette défiance au bon sens qui m’ennuyait si fort, dit-il en voyant un catalogue d’œuvres futuristes… Je peignis dans une véritable ivresse toute une série de tableaux futuristes.»

Une découverte

Marié en 1922 avec celle qu’il avait rencontrée lorsqu’elle avait 13 ans, Magritte assure sa subsistance avec des travaux qu’il qualifie «d’imbéciles»: des affiches et dessins publicitaires, des illustrations de partitions musicales.

Il épuise les nouvelles théories, futurisme, cubisme, purisme, abstraction, sans en être satisfait. «Toutes ces expériences à la longue ne me donnaient pas satisfaction… Je ne suis pas, je crois, un peintre dans toute l’acception du terme.»

Mais un jour, il découvre un tableau de Giorgio De Chirico (1888-1978), Le chant d’amour. Il dépeint un extérieur architectural composé d’un petit mur sur lequel sont accrochés la tête d’une sculpture grecque et un gant de chirurgien. Un ballon vert est en dessous, avec le contour d’une locomotive. C’est le premier et célèbre exemple du style surréaliste.

Pour Magritte, c’est une révélation. Le maître de l’art métaphysique lui fait comprendre que la question n’est pas de savoir comment peindre, mais de «savoir ce qu’il faut peindre, le savoir pour que le mystère soit en question». Ce qui compte donc, c’est l’idée et non l’esthétique.

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«Chirico est le premier peintre qui ait pensé à faire parler la peinture d’autres choses que de peinture.» Et voilà Magritte lancé dans ce mouvement que l’on appellera surréaliste.

L’essor

Un groupe surréaliste va se créer à Bruxelles, qui collabore à la première exposition personnelle de Magritte à Bruxelles. Comme pour le fauvisme ou l’impressionnisme, les tableaux du peintre sont mal perçus. «Le témoignage de libération qu’ils imposent a naturellement fait bondir la critique, de laquelle je n’attendais rien.»

Magritte part pour Paris où il passe trois années très productives. En 1928 seulement, il produit une centaine de tableaux. Il participe à des expositions, à la Revue surréaliste, qui publie son texte fondateur du surréalisme Des mots et des images.

Ce document est une sorte de traité d’introduction à sa propre peinture. Il est composé d’aphorismes illustrés par un dessin. On y trouve le célèbre tableau, La trahison des images, qui représente une pipe sous laquelle il est écrit: «Ceci n’est pas une pipe».

En août 1930, Magritte rentre à Bruxelles. Ses tableaux s’exposent: Bruxelles (1933), New York (1936), Londres (1938).

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«Mes tableaux, dit-il, ressemblent à des tableaux sans répondre, je crois, à ce que les traités d’esthétique désignent comme étant tels.» Il poursuit son œuvre et se poursuivent ses expositions jusqu’à sa mort, le 15 août 1967.

L’œuvre

Elle serait considérable et compterait entre 1 000 et 1 500 peintures. On ne saurait en rendre compte dans un article. L’idéal est de visiter le Musée Magritte à Bruxelles.

Mais on peut faire une très bonne connaissance de Magritte en se procurant le Guide du musée Magritte, un superbe ouvrage grand format de 160 pages, qui présente quelque 150 reproductions, presque toutes en couleur, au coût d’une vingtaine de dollars.

«Moi aussi, j’aime voir des feuilles qui cachent la lune, mais si on en voyait derrière la lune, ce serait inouï, la vie aurait enfin un sens.» (René Magritte)

Auteur

  • Gabriel Racle

    Trente années de collaboration avec L'Express. Spécialisé en communication, psychocommunication, suggestologie, suggestopédie, rythmes biologiques, littérature française et domaine artistique. Auteur de très nombreux articles et d'une vingtaine de livres dont le dernier, «Des héros et leurs épopées», date de décembre 2015.

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