Magnifique Mommy de Xavier Dolan

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Publié 30/09/2014 par Janine Messadié

Le nom de Xavier Dolan évoque un talent hors du commun. Il a un statut d’enfant prodige, de surdoué du cinéma, et en France on le surnomme le Rimbaud du 7e Art.

À l’âge de 25 ans… à peine un quart de siècle d’existence, avec les histoires qu’il imagine, pour ensuite leur donner forme au cinéma de manière inventive et audacieuse, Xavier Dolan a déjà récolté en l’espace de 6 ans, quelque 45 prix canadiens et internationaux.

Depuis J’ai tué ma mère, en 2009 – film qu’il a réalisé avec ses économies d’enfant-acteur (il commence à jouer à 4 ans) et qui avait été choisi pour représenter le Canada lors des Oscars de 2010 – en passant par Les Amours imaginaires en 2010, Laurence Anyways en 2012 et Tom à la ferme en 2013, Xavier Dolan façonne des films d’une grande intensité, avec en toile de fond cette quête de l’amour absolu.

Mommy, cinquième long-métrage du cinéaste, qui sort à Toronto ce vendredi 3 octobre, est son film le plus vibrant, le plus abouti. C’est un récit d’une rare intensité dramatique, violent, beau et provocateur, qui nous embarque au cœur d’un tumulte émotionnel complexe et bouleversant.

Le film met en scène des comédiens exceptionnels, dont les deux muses de Dolan: l’époustouflante Anne Dorval, dans le rôle de Diane «Die» Després, veuve et mère de Steve (Antoine Olivier Pilon, parfait, authentique), un adolescent de 15 ans impulsif et violent, atteint de troubles de comportement suffisamment graves pour qu’il soit placé dans un centre.

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Lorsque Steve met le feu à la cafétéria de l’institution, Diane hérite de sa garde et le reprend chez elle dans son modeste appartement, en banlieue de Montréal. La cohabitation ne sera pas facile. La relation déchirante d’amour-haine entre ces deux êtres est parfois insoutenable, mais une rencontre inattendue avec la voisine d’en face, Kyla, femme mystérieuse affligée d’un bégaiement (sublime Suzanne Clément) viendra quelque peu changer le destin de Mommy et de son fils.

C’est avec fougue que Xavier Dolan explore à nouveau le thème de l›amour mère-fils, mais cette fois avec une recherche plus vaste et profonde de la complexité de la relation œdipienne. Le langage y est cru, et les dialogues plus incisifs et inspirés.

Et pour magnifier les émotions de cet amour fou dévastateur, le cinéaste accumule les plans serrés (format 1:1, carré), braquant la caméra sur l’essentiel.

Cette façon inventive de cadrer l’image, permet aux spectateurs d’être totalement investis par ce que ressentent les personnages. On vit leur peur, leur détresse, leur angoisse et on s’essouffle parfois de ces affrontements explosifs entre Diane et son fils, qui éclatent avec fracas sous nos yeux.

On est carrément secoué, étourdi, rompu… mais il y a aussi de l’humour, de la lumière et des élans lyriques dans le film de Dolan, sans oublier la musique issue du répertoire populaire (entre autres Céline, Dion, Marjo, Sarah McLachlan) qu’il intègre au récit, ajoutant une énergie aux images qui défilent avec force, malgré quelques longueurs.

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Coup de cœur du Festival de Cannes 2014, où il a aussi obtenu ex aequo le Prix du Jury, Mommy a déjà été vendu dans plus de 50 pays, et poursuit sa carrière dans le circuit des festivals, dont celui de Karlovy Vary, de Melbourne, de Sydney, d’Angoulême, de Telluride, avant d’avoir été présenté en première canadienne au Festival international du film de Toronto. Il a été aussi à l’affiche du Festival international du film de San Sebastian tout récemment, et il sera dans une quinzaine d’autres dans les deux mois à venir.

Alors que Xavier Dolan travaille déjà sur un premier long métrage en anglais, The Death and Life of John F. Donovan, qui mettra en vedette l’actrice américaine Jessica Chastain; film qui sera tourné en 2015 entre Montréal, New York, Miami, l’Angleterre et l’Europe de l’Est, Mommy continue de faire des vagues, partout où il est projeté.

Le film occupe la 2e place au box-office québécois depuis sa sortie en salles le 19 septembre dernier, jour où Téléfilm annonçait que Mommy représenterait le Canada dans la course du Meilleur film en langue étrangère, dans le cadre de la 87e édition des Oscars qui aura lieu à Hollywood le 22 février 2015.

La partie n’est pas encore gagnée, mais parions que Mommy fera cette fois partie des productions les plus en vue de la course.

Auteur

  • Janine Messadié

    Communicatrice d'une grande polyvalence. 30 ans de journalisme et de présence sur les ondes de Radio-Canada et diverses stations privées de radio et de télévision du Québec et de l’Ontario français. Écrit depuis toujours...

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