Madame le maire ou la mairesse

Valérie Plante mairesse de Montréal et non madame le maire
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Publié 03/11/2009 par Martin Francoeur

Au Québec et au Canada, on emploie le mot «mairesse» pour désigner une femme qui occupe la fonction de maire. En France, la «mairesse» désigne encore, parfois, l’épouse d’un maire. Une femme qui accéderait à la plus haute fonction municipale s’appelle «madame le maire».

Le fait que les Québécois et les Canadiens francophones aient choisi d’employer «mairesse» et d’en officialiser la forme n’est toutefois pas une exclusivité. En Suisse romande, on l’utilise aussi de la même façon.

Madame le maire en France

En France, le masculin (le maire, madame le maire) reste encore le plus courant, mais on remarque que la forme épicène, c’est-à-dire une forme qui ne varie pas selon le genre, commence à se répandre dans le monde municipal. C’est pourquoi on entend parfois «madame la maire» ou «la maire a reçu les invités»

Cet emploi est toutefois contesté, notamment en raison de la confusion que cela peut entraîner.

Mairesse ou madame le maire
La mairesse réélue de Paris, Anne Hidalgo.

À l’écrit, cela ne pose pas de problème. Mais si on entend la phrase : «la maire s’est effondrée lors du mariage de monsieur et madame X», on pourrait comprendre qu’on parle de la maman de l’un ou l’autre des mariés plutôt que de la personne de sexe féminin qui occupe la mairie et qui peut donc célébrer des mariages.

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De même, si on entend «la maire est demeurée très calme lors de la séance houleuse», on pourrait y voir un mauvais jeu de mots et confondre avec «la mer»… C’est pour cette raison que l’emploi de «madame le maire» est davantage répandu.

Chez les Belges

En Belgique, où on parle parfois de bourgmestre aussi bien au masculin qu’au féminin, on admet les deux appellations (la mairesse et la maire). On remarque donc que c’est la confusion la plus totale dans la Francophonie.

La mairesse ou madame le maire de bruxelles travail à l'hôtel de ville
L’hôtel de ville de Bruxelles. Photo: Wikimedia

Mairesse au Québec

Le Québec, c’est connu, a une longueur d’avance en ce qui a trait à la féminisation des titres. Le service de terminologie de l’Ontario recommande aussi la forme «mairesse», tout comme il recommande essentiellement les mêmes formes féminines que celles préconisées par l’Office québécois de la langue française: auteure, entraîneuse, agente de bord et hockeyeuse, par exemple.

En politique, les formes féminines sont maintenant courantes. On n’hésite pas à dire la ministre, la députée, la première ministre, la gouverneure générale, etc.

Chez les anglos

Les anglophones, évidemment, n’ont pas à se casser la tête avec les formes féminines. Bien sûr, il y a certains doublons comme «actor, actress» ou «waiter, waitress», mais ce sont des exceptions ou presque.

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La règle générale, c’est d’employer un seul terme, de genre unique. Hillary Clinton aurait pu devenir «president» tout comme Barack Obama. Kim Campbell n’a été «prime minister» du Canada que pour une très courte période. Et Michaëlle Jean est la première «governor general» de race noire.

Hazel McCallion mairesse ou maire de Mississauga
Hazel McCallion mairesse ou maire de Mississauga. Photo: Wikimedia

La mairesse de Mississauga

Et pour illustrer l’exemple des «mayor», on ne peut pas passer à côté de cette chère Hazel McCallion qui a été «mairesse de Mississauga» pour les francophones et «mayor of Mississauga» pour les anglophones.

Nous n’entrerons pas dans les considérations politiques, surtout dans le contexte de cet examen judiciaire qui vient d’être ordonné concernant un possible conflit d’intérêts dans lequel elle se serait retrouvée, mais on peut dire sans se tromper qu’elle a été une figure emblématique du monde municipal.

À 99 ans bien sonnés aujourd’hui, elle a été mairesse de la sixième ville du Canada en ce qui a trait à la population. Et elle l’était pendant 36 ans, ce qui est d’autant plus remarquable. Qu’on l’aime ou qu’on ne l’aime pas, il faut bien saluer cette longévité.

Et dire que les Français qui liront cette chronique comprendront probablement qu’elle n’était que l’épouse du maire de Mississauga…

Auteur

  • Martin Francoeur

    Chroniqueur à l-express.ca sur la langue française. Éditorialiste au quotidien Le Nouvelliste de Trois-Rivières. Amateur de théâtre.

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