Odette Mainville a récemment publié un troisième roman intitulé Julie, droguée et prostituée malgré elle, où on voit comment l’infamie peut s’emparer d’une vie et la transformer en cauchemar. J’ai rarement vu un ouvrage décrire avec autant d’acuité comment une personne peut se vautrer dans la fange de la prostitution.
La Julie du titre a 3 ans lorsque sa mère perd la vie dans un accident de la circulation. La grand-mère élève l’enfant tant que la santé le lui permet. Fermée sur elle-même, Julie devient victime de railleries et de mesquineries au primaire et au secondaire.
Gang de rue
À 15 ans, l’adolescente tombe dans les mailles d’un gang de rue. C’est le début de la marijuana et de la cocaïne; la prostitution ne tardera pas à suivre. «L’infamie s’infiltre insidieusement, s’installe confortablement, macule à jamais l’âme puérile d’une innocente.»
Le pimp de Julie prouve «sa virile hétérosexualité à travers des pratiques machistes et abusives». Pour tous les membres du gang de rue, les filles sont des êtres inférieurs qu’on se partage selon la règle qui veut qu’on doive «soumettre sa petite amie à un viol collectif».
Le père de Julie joue le rôle de l’éternel absent. Il se dit qu’elle est «une trop bonne fille pour déroger aux valeurs et aux principes inculqués depuis sa naissance». Ce qui est évidemment tout le contraire. Elle passe du banal plaisir à la déchéance, «se prêtant, comme un jouet, aux fantaisies lubriques des garçons».