Les anesthésistes restent les professionnels méconnus de la médecine. Si cette discipline médicale s’avère incontournable lors des chirurgies majeures, leurs gestes restent encore bien secrets. Comment endorment-ils? Avec quels produits? Quels signes physiologiques surveillent-ils?
Pour lever une part de mystère, l’un d’entre eux se livre dans un ouvrage, « Vécu d’un endormeur – Propos d’anesthésiste » (La Plume d’Oie Édition). Originaire de Portneuf, Jean-Louis Boivin a travaillé comme anesthésiste durant 38 ans au Centre hospitalier Sainte-Marie de Trois-Rivières. Devenu sur le tard, anesthésiste itinérant, il a pratiqué dans 42 hôpitaux différents.
À travers les premiers pas du jeune médecin dans les années 1950 jusqu’à sa retraite en 2006, il nous ait possible de suivre l’évolution de cette branche médicale, mais aussi de la médecine québécoise. Il faut ainsi se rappeler que le chirurgien général à cette époque fait un peu office de Bon Dieu. « Assis sur un trône, il a deux souffre-douleur dans les hôpitaux: le spécialiste en médecine interne et l’anesthésiste (…) Avec l’arrivée des autres spécialités médicales et chirurgicales, lentement, tous les spécialistes occupent leur sphère de compétence ».
Ce petit ouvrage plaisant à lire et sans prétention renferme aussi beaucoup d’humour. Le docteur Boivin, un bon vivant qui aime rire, témoigne aussi de beaucoup d’humanité. «À la Tuque, j’anesthésie un jeune Indien pleurnichard et très agité. Je commence alors ce refrain scout: “Ging gang Go, Légo Légo Noska ” (…) L’enfant se calme aussitôt. (…) Après avoir chanté ce refrain à la mère, elle avoue candidement ne rien y comprendre. ‘Peut-être que c’est de l’ancien indien’, me dit-elle. Je ne parle donc pas l’indien!»