Lyonel Feininger est à Montréal

Partagez
Tweetez
Envoyez

Publié 21/02/2012 par Gabriel Racle

Ce nom ne vous dit rien? Alors, c’est l’occasion de profiter de l’exposition du Musée des beaux-arts de Montréal, qui se termine le 13 mai, et/ou de son superbe livre d’accompagnement pour faire connaissance avec cet artiste dont le renom est mondial.

L’artiste

Que sa renommée soit internationale ne fait guère de doute. En mai dernier, des collectionneurs se disputaient aux enchères à Paris un de ses tableaux, Hafen von Swinemünde (Port de Swinemünde), adjugé finalement pour la somme de 5 775 546 €!

Mais qui est donc Feininger? «Né le 17 juillet 1871 à New York, Lyonel Feininger embarqua à seize ans pour l’Allemagne, pays où il allait vivre près de cinquante ans en expatrié, se marier, élever une famille et devenir un artiste de renommé.»

Cette synthèse ouvre l’article de Barbara Haskel sur la Modernité romantique de l’artiste, dans le livre qui accompagne l’exposition.

Ses parents étaient d’origine allemande et ils ont envoyé Lyonel étudier d’abord à Hambourg, puis à Berlin, Liège et Paris.

Publicité

La vie heureuse et la réussite professionnelle qu’il connaît en Allemagne font s’estomper son désir de retourner aux États-Unis, où il ne reviendra qu’en 1936 pour enseigner en Californie, avant de s’établir à New York en 1937.

Il sera longtemps considéré comme un artiste allemand, ne pouvant exposer aux États-Unis. Il commence sa carrière artistique en 1893 à Berlin comme caricaturiste dans des publications satiriques.

De 1906 à 1908, il réside à Paris, où il publie des bandes dessinées. On le retrouve à Londres, à Berlin puis à Paris en 1911 où il rencontre Robert Delaunay, un peintre parisien influencé par le Cubisme, qu’il découvre alors.

Son style

De son expérience des bandes dessinées et des caricatures, Feininger garde durablement le tracé longiforme des silhouettes humaines. Le cubisme lui ouvre de nouveaux horizons sur la représentation du monde.

Il va s’inspirer de ce mouvement artistique dont Georges Braque et Pablo Picasso sont des auteurs-promoteurs, et qui s’épanouit entre 1907 et 1914. Le cubisme est pour lui une révélation – «ce n’est qu’à Paris que j’en ai entendu parler pour la première fois» – et une révolution.

Publicité

Dans ses tableaux, il disposait les formes aplaties de ses silhouettes selon des plans successifs pour donner de la profondeur. Désormais, il fait «éclater ses images en plans géométriques», tout en les réduisant «à des formes géométriques planes au tracé connu», sans adopter les cristaux géométriques d’un Delaunay.

«Mon ‘cubisme’, pour employer ce mot inadéquat, mon but étant le contraire de celui des cubistes français, est fondé sur le principe du monumental, de la plus extrême concentration de mes visions. Mon cubisme, appelez-le plutôt – s’il doit avoir un nom – prismisme.» Ce qu’un critique d’art traduit ainsi: «La métaphysique des prismes». Et Feininger concentre toute son attention sur la lumière, le centre de sons œuvre.

Le Bauhaus

Après la guerre, en 1919, est créé à Weimar le Bauhaus, une institution inspirée de la «guilde médiévale où des artistes travaillaient aux côtés des artisans». Invité à y participer comme maître, Feininger est enthousiasmé et parle «du début de la belle aventure de ma carrière artistique».

Il dirige un atelier graphique et découvre la photographie. Il se rend souvent au bord de la Baltique, dont l’atmosphère lui inspire plusieurs tableaux.

Il est séduit par ce qu’il appelle un «espace transcendantal» et fasciné par les reflets de la lumière dans l’eau, au soleil couchant. Mais le Bauhaus est contraint de fermer.

Publicité

Les autorités nazies n’apprécient guère sa représentation du climat sombre des années Weimar, «avec ses constructions distordues et ses passants errants, le corps violenté sur la toile».

Peintre «dégénéré», Feininger doit reprendre le chemin de New York, où il poursuit son travail de photographe et de peintre. Il décède le 13 janvier 1956, des suites d’une chute dans sa salle de bains.

L’exposition

Lyonel Feininger: de Manhattan au Bauhaus, tel est le titre de cette exposition.

Il s’agit de la première rétrospective majeure en Amérique du Nord depuis cinquante ans et de la première rétrospective au Canada consacrée à cet artiste.

C’est donc une occasion à saisir. L’exposition suit le déroulement biographique de Feininger, que nous avons esquissé. Comme il était aussi un violoniste talentueux et un compositeur, des concerts sont également donnés.

Publicité

Le catalogue

L’ouvrage d’accompagne est un magnifique livre d’art, qui combine explications et illustrations: Lyonel Feininger, 28 x 24,5 cm, relié, 278 p., près de 150 illustrations, la plupart en couleur et pleine page.

Les textes sont particulièrement intéressants pour saisir différents aspects de la carrière artistique de Feininger.

C’est, nous semble-t-il, le seul ouvrage en français présentant aussi bien Feininger, sa vie, son art multiforme, avec autant de reproductions de ses œuvres. C’est donc un ouvrage exceptionnel.

«[Les tableaux]… doivent enchanter, et non pas se contenter de décrire un événement.» (Lyonel Feininger)

Auteur

  • Gabriel Racle

    Trente années de collaboration avec L'Express. Spécialisé en communication, psychocommunication, suggestologie, suggestopédie, rythmes biologiques, littérature française et domaine artistique. Auteur de très nombreux articles et d'une vingtaine de livres dont le dernier, «Des héros et leurs épopées», date de décembre 2015.

Partagez
Tweetez
Envoyez
Publicité

Pour la meilleur expérience sur ce site, veuillez activer Javascript dans votre navigateur