La première chose qui étonne chez Lucas Debargue, c’est son parcours. Ce n’est qu’à 20 ans qu’il a décidé de devenir musicien professionnel. Quatre ans plus tard, en 2015, il fait sensation au prestigieux concours Tchaïkovski, enflamme le public russe, remporte le 4e prix de piano, et surtout le Prix Spécial de la Critique Musicale de Moscou.
Les 12 et 13 avril, ce prodige jouera avec l’Orchestre symphonique de Toronto le Concerto pour piano numéro 2 de Liszt.
«J’ai toujours vécu avec la musique de façon naturelle», dit-il à L’Express. Quand à 11 ans il désire commencer le piano, ses parents, non musiciens, le soutiennent. Apprenant beaucoup tout seul, à l’oreille, il a une professeure compréhensive au conservatoire de Compiègne. Mais à 16 ans, changement d’école et de contexte, il arrête. «Je n’avais personne avec qui partager», justifie-t-il. Il joue alors de la basse dans un groupe formé avec des amis.
À 20 ans, étudiant en littérature, il se laisse convaincre de jouer du piano à une fête de la musique. Il y joue des morceaux qu’il a encore en tête, de façon non-conventionnelle. On le pousse à se mettre au piano avec sérieux. «J’ai la chance d’avoir eu sur mon chemin des personnes très bienveillantes», dit-il. De fil en aiguille, il reprend les cours, puis rencontre Rena Shereshevskaya avec qui il prépare le concours Tchaïkovski.
À ce prestigieux concours, il séduit le public. Le pianiste Boris Berezowski, membre du jury, le qualifie de «génie». Depuis, Lucas Debargue a adopté la vie de concertiste.