L’Ontario au Festival de Cannes 2011

Dessous et autres réalités

Partagez
Tweetez
Envoyez

Publié 25/05/2011 par Jacqueline Brodie

Cannes ne serait pas Cannes sans le tonnerre de ses feux d’artifice de minuit, ses yachts de milliardaires posés sur la grande bleue, ses parades de stars, ses mendiants, ses moments d’émotion pure et… ses mini-scandales.

Le dernier était signé Lars Von Trier, le réalisateur danois qui se fit expulser pour déclaration inacceptables – fait sans précédent dans les annales du Festival, qui prenait fin dimanche 22 mai.

Comblés, nous fûmes avec une sélection d’une qualité irréprochable et une constellation d’étoiles. C’est un Cannes tout inclus qui nous fut servi cette année.

IMAGES PARMI TANT D’IMAGES

Scène Croisette, aux marches du Palais: soirée de présentation du quatrième Pirates des Caraïbes.

Des hordes de badauds hurleurs et admiratifs entassés par milliers sur un demi-kilomètre derrière les barricades réclament de Brad Pitt un souvenir tangible. Souriante, affable, la vedette s’exécute, longe la foule, remercie ses admirateurs, autographiant diligemment tout papier à sa portée, serrant les mains tendues, offrant sa gentillesse à ses adorateurs.

Publicité

Pendant ce temps, son épouse Angelina Jolie oeuvre côté tapis rouge, faisant le bonheur des photographes. Beau spectacle que celui des deux idoles accomplissant leur devoir de stars!

Sur scène au Palais: hommage à Jean-Paul Belmondo. Une soirée chargée d’émotion. C’est avec une Palme d’Or que Jean-Paul Belmondo, 78 ans, plus d’un demi-siècle de carrière incluant quelque 80 films, fut proclamé par la Direction du Festival «un des plus grands acteurs français de tous les temps».

Issu du vénérable Conservatoire d’art dramatique, débordant de talent, Belmondo devint rapidement l’une des plus grandes vedettes du cinéma français et l’un des champions du box-office. Il a tourné avec les grands réalisateurs de la Nouvelle Vague, Resnais, Chabrol, Truffaut, Lelouch, et fut l’inoubliable interprète de À bout de souffle de Jean-Luc Godard.

Charmeur et intrépide, Belmondo faisait lui-même ses cascades, souvent au péril de sa vie. Aussi était-il particulièrement émouvant de voir le grand acteur, victime de problèmes cardio-vasculaires, partiellement paralysé, appuyé sur sa canne, parlant avec difficulté, loué par ses pairs acteurs et réalisateurs présents. Il fut longuement ovationné.

DANS LE VENTRE DU DRAGON

Sous-sol du Palais. Ici ni tapis rouge, ni paillettes. Fourmilière souterraine où oeuvrent près de 10 000 personnes, le Marché du film est un lieu sans «glamour» et sans paillettes où se traite plus d’un milliard de dollars de chiffre d’affaire chaque année.

Publicité

Des kiosques par centaines, des salles de projection où producteurs, vendeurs et distributeurs se côtoient et négocient, où les directeurs de festivals traquent le film nouveau-né afin d’en afficher la primeur.

C’est le coeur des affaires du Festival, la réalité de la fiction. Il a même son restaurant, le Marché!

LE VILLAGE INTERNATIONAL

Depuis une dizaine d’années, le Marché débordant a agrandi ses quartiers et créé côté mer une vaste extension: le Village International. Une quarantaine de pavillons y sont plantés, chacun faisant la promotion de son industrie nationale. Celui du Canada, bien situé, fournissait ses services à nos festivaliers d’un océan à l’autre.

L’Ontario, partenaire dans son fonctionnement y était largement représentée. L’industrie du film torontoise est particulièrement active au Marché.

Rencontre avec Karen Thorne-Stone, pdg de la Société de développement de l’industrie des médias de l’Ontario (OMDC) et sa directrice du développement de l’industrie Kristine Murphy.

Publicité

L’OMDC, qui participe au Festival de Cannes depuis de nombreuses années y joue un rôle à multiples facettes: la représentation et le soutien aux cinéastes et producteurs de l’Ontario présents, une vingtaine, plus une cinquantaine de distributeurs et de vendeurs.

Parmi les producteurs on retrouvait entre autres Ron Mann (Films We Like); Alison Reid (Free Spirit Films); Nicolas Comeau (1976 Productions); Robert Budreau (Lumanity Productions); Simone Urdi et Jennifer Weiss (The Film Farm) qui terminent Fox Fire, une coproduction avec la France; Michael Dobbin (Quiet Revolution Pictures), avec Maiden Danced, une coproduction Canada-Hongrie.

L’OMDC FACILITE

Vente de films, de projets, d’idées. Frénésie dans cette Babel de l’industrie du cinéma. Si l’OMDC ne vend rien à proprement parler, elle investit dans les productions et intervient à titre de «facilitateur» à divers niveaux: rencontres quotidiennes avec les dirigeants des délégations étrangères; contacts avec les organismes de financement d’autres pays producteurs intéressés à produire en Ontario afin d’ouvrir la voie à aux coproductions et aux tournages en Ontario.

«Nous nous efforçons d’élargir les relations sur le plan international pour le bénéfice de nos cinéastes qui peuvent ainsi travailler et se faire connaître dans le monde entier», nous dira Mme Thorne-Stone.

Concrètement: Deepa Mehta, en coproduction avec le Royaume-Uni pour Midnight’s Children; David Cronenberg qui commence cette semaine son Cosmopolis, coproduit avec la France. Projets de terrains de prospection de Mme Thorne-Stone: l’Inde, la Chine, l’Australie, le Royaume-Uni et le Danemark. Tout un programme!

Publicité

LE TIFF À L’OEUVRE

Quelques pas et c’est encore Toronto à Cannes. L’équipe du TIFF à l’œuvre: Piers Handling, directeur et chef de la direction du TIFF, est un habitué du Festival qu’il fréquente depuis des lunes. Son programme: visionnage de 25 à trente films, rencontres avec des réalisateurs, des producteurs, beaucoup de diners, de cocktails et de réunions, il est en représentation officielle du matin au soir.

Cameron Bailey, co-directeur, lui aussi présent, s’occupe activement de la sélection des films que le TIFF nous présentera en septembre. Trois, quatre films par jour, parfois plus, compétition, sections parallèles, il faut tout voir! Impossible de savoir quoi que ce soit sur leurs choix.

Top secret! Noah Cowan, le directeur artistique du TIFF Bell Lightbox, est lui aussi chercheur de trésors. Il doit concevoir les programmes d’une année à l’autre pour les publics les plus variés.

Pas de temps à perdre! Quelles seront les prochaines découvertes de cette trinité TIFFiène? Cannes est terrain fertile et les résultats de sa fréquentation ont toujours été tangibles. Almodovar, Kaurismaki, Benoit Jacquot, Olivier Assayas, Bruno Dumont, devenus grands, firent – quasi inconnus – leur entrée en l’Amérique anglophone via Toronto et son festival.

Peut-être aurons-nous l’honneur de recevoir le lauréat (absent) de la Palme d’Or, Terrence Malik?

Publicité

LES RÉCOMPENSES 2011

Palme d’Or
The Tree of Life réalisé par Terrence Malick
Grand Prix Ex-aequo
Bir Zamanlar Anadolu’da réalisé par Nuri Bilge Ceylan
Le gamin au vélo réalisé par Jean-Pierre et Luc Dardenne
Prix de la mise en scène
Nicolas Winding Refn pour Drive
Prix du scénario
Joseph Cedar pour Hearat Shulayim
Prix d’interprétation féminine
Kirsten Dunst dans Melancholia réalisé par Lars Von Trier
Prix d’interprétation masculine
Jean Dujardin dans The Artist réalisé par Michel Hazanavicus
Prix du Jury
Polisse réalisé par Maïwenn
Palme d’Or – court métrage
Cross réalisé par Maryna Vroda
Prix du Jury – court métrage
Badpakje 46 (Maillot de bain 46) réalisé par Wannes Destoop

Auteur

Partagez
Tweetez
Envoyez
Publicité

Pour la meilleur expérience sur ce site, veuillez activer Javascript dans votre navigateur