London, Ontario, a été la capitale des tueurs en série

Plusieurs meurtres non résolus

London, Ontario, tueurs en série
Autopatrouille de la police de London. Photo: Wikimedia Commons, partage dans les mêmes conditions, 4,0 international
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Publié 22/06/2024 par Marc Poirier

De 1959 à 1984, la ville de London, dans le Sud de l’Ontario, portait le titre peu envié de «capitale mondiale des tueurs en série». Durant cette période de 25 ans, plus d’une trentaine de meurtres ont été perpétrés dans la région, dont environ la moitié reste toujours non résolue. Toute une intrigue.

Cette ville située entre Toronto et Détroit a pourtant un autre surnom, bien plus invitant, soit «Forest City» (la ville-forêt), en raison de la grande quantité d’arbres verdoyants qui s’y trouvent.

C’est aussi le lieu de naissance de l’acteur Ryan Gosling, du chanteur Justin Bieber, de l’actrice Rachel McAdams et du violoniste et chef d’orchestre Guy Lombardo.

Malheureusement, en marge des sphères de ces talentueux artistes, de sombres personnages seraient également issus de London. De tous les meurtres de la région, 13 perpétrés entre 1969 et 1977 ont été attribués à trois tueurs en série.

London, Ontario, tueurs en série
Michael Arntfield a écrit un livre, Murder City, sur l’histoire des meurtres en série à London.

Des cibles bien particulières

Le premier de ces meurtriers est Gerald Thomas Archer. Toutes ses victimes étaient des femmes de chambre, d’où son surnom de «Chamber Maid Slayer» (tueur de femmes de chambre).

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En 1969, 1970 et 1971, il a tué trois femmes – deux âgées de 57 ans l’autre âgée de 62 ans – en s’introduisant dans leur domicile. Dans chaque cas, Archer les avait agressées sexuellement ou avait tenté de le faire.

Arrêté peu après le troisième meurtre, il a été reconnu coupable et libéré sur parole en 1985.

Après la mort d’Archer, en 1995, sa femme (qui ne vivait plus avec lui) et sa famille ont raconté qu’il leur avait confié, alors qu’il était en état d’ébriété, avoir tué deux autres femmes. La police a pu confirmer par la suite qu’il était bien l’auteur de ces deux autres meurtres.

Attention aux balcons

Le deuxième tueur en série est Russell Maurice Johnson. Il a eu deux surnoms: le «Balcony Strangler» (étrangleur au balcon) ou le «Bedroom Strangler» (étrangleur de la chambre à coucher), car il grimpait les murs extérieurs des immeubles où logeaient ses victimes, attendait jusqu’à ce qu’il les croit endormies, puis s’introduisait dans leur chambre pour les violer et les étrangler.

Il a été jugé pour le viol et le meurtre d’une femme à London en 1974, et de deux autres femmes à Guelph en 1977. Le tribunal a rendu un verdict de non-responsabilité criminelle en raison de troubles mentaux.

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En 1969, Johnson s’était lui-même admis dans un hôpital psychiatrique où il avait reçu un diagnostic de déviance sexuelle.

Pendant son procès, il a admis avoir tué quatre autres femmes et en avoir agressé onze autres qui ont survécu. Il est toujours détenu dans une institution psychiatrique.

Le tueur fou

Enfin le troisième de cette «série» est Christan Magee. Il a tué trois femmes entre 1974 et 1976. Comme les deux autres meurtriers, il avait un modus opérandi particulier, qui lui a valu le surnom de «Mad Slasher» (tueur fou).

Dans une affaire, il a attaqué une jeune femme de 19 ans qui marchait pour rentrer chez elle, l’a jetée par terre et l’a égorgée.

Sa deuxième victime, il la connaissait. Il a frappé à sa porte et elle l’a laissé entrer. Peu après, il l’a étranglée et égorgée alors que son bébé dormait dans une autre pièce. Son mari l’a trouvée morte en revenant à la maison quelques heures plus tard. L’enfant était sain et sauf.

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La troisième victime avait 15 ans. Elle faisait de l’autostop et Magee l’a fait monter dans son véhicule. Le lendemain, un fermier a retrouvé son corps violemment agressé sexuellement et poignardé à la gorge et à la poitrine.

Magee a également agressé deux autres femmes qui ont survécu.

À l’issue de son procès en 1977, il a été lui aussi déclaré non responsable en raison de troubles mentaux. Il est toujours incarcéré dans une institution psychiatrique.

Enquête personnelle

Pendant toute cette période, un policier menait une enquête personnelle sur d’autres meurtres perpétrés dans la région. Dennis Aslop était détective à London pour la police de l’Ontario de 1950 à 1979. Il a continué d’enquêter à son compte sur ces affaires après son départ de la police.

Il a accumulé une importante quantité de documents sur des affaires non résolues, des informations qu’il conservait chez lui. Dans certains cas, les autorités avaient refusé de porter des accusations, faute de preuves suffisantes.

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À la mort d’Aslop en 2012, son fils a remis la montagne de documents à un détective de police devenu professeur de criminologie à l’Université Western Ontario, Mike Arntfield. Ce dernier est un expert des crimes non résolus. Il a animé et produit une série télévisée baptisée To Catch a Killer (Épingler un tueur) en 2014.

Arntfield a poursuivi l’enquête amorcée par Aslop et a analysé les 32 meurtres perpétrés entre 1959 et 1984 afin d’élucider ceux qui ne l’avaient pas encore été. Selon les enquêtes menées par ces deux policiers, trois ou quatre autres tueurs en série pourraient être responsables des crimes.

London, Ontario, tueurs en série
La ville de London, Ontario. Photo: Adam Colvin, Licence Art Libre, Wikimedia Commons

De London à Toronto

Ces tueurs auraient quitté London pour Toronto. Après leur arrivée dans la Ville Reine, des meurtres ayant des similitudes avec certains perpétrés auparavant à London ont été rapportés.

Selon Arntfield, l’un des tueurs de London aurait enlevé la vie à quatre enfants à Toronto. Aslop était convaincu de l’avoir identifié, mais les preuves manquaient pour l’arrêter. Arntfield ne l’a pas nommé dans son livre.

Qu’il s’agisse de quatre, cinq ou six tueurs en série, Arntfield affirme que London remporte – malheureusement – la palme de la plus grande concentration au monde de ces criminels, en proportion de sa population, pour une période donnée. En comparaison, c’est comme si New York avait compté en même temps entre 80 à 90 tueurs en série.

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Une conjoncture particulière

Pourquoi London? Plusieurs facteurs ont été avancés.

D’abord, il s’agit d’une ville où de grandes compagnies testent de nouveaux produits parce que sa population est un microcosme de celle du Canada.

D’autres villes «tests» aux États-Unis, comme Richmond, en Virginie, Rochester, New York, et Muncie, Indiana, affichent des taux disproportionnés de violence sexuelle.

Aussi, la proximité de London à une grande autoroute, en l’occurrence la 401 qui relie Toronto à Détroit, facilite les déplacements. En 2024, une étude du FBI a montré un lien entre les agissements des tueurs en série et l’accès à de grandes autoroutes.

London a donc peut-être été victime de sa «normalité» et de sa position géographique.

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