À 25 ans, Édouard Louis a publié trois romans autobiographiques traduits dans plus de vingt langues. Chaque fois, il est question d’exclusion, de domination et de violence.
En 2014, je vous ai présenté son premier ouvrage (En finir avec Eddy Bellegueule), puis le second en 2016 (Histoire de la violence). Place à l’acte III: Qui a tué mon père. L’auteur ne pose pas une question, il accuse.
Une vie de négations
Édouard Louis raconte comment son père n’a pas étudié, n’a pas eu d’argent, n’a pas voyagé, n’a pas pu réaliser ses rêves. La vie de son père s’exprime presque uniquement par des négations.
D’une page à l’autre, on sent une confrontation entre le fils qui a une culture scolaire et le père qui en a été exclu. Il parle de cette culture «qui n’avait pas voulu de toi». Il parle de son père au passé parce qu’il ne le connait plus, parce que «le présent serait un mensonge».
L’auteur se demande s’il est normal d’avoir honte d’aimer. «Je savais que je t’aimais mais je ressentais le besoin de dire aux autres que je te détestais. Pourquoi?»