L’internet dans les communautés rurales : aussi fondamentale qu’en ville

La fibre optique acheminera l'internet dans le Nord de l'Ontario.
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Publié 06/12/2019 par Priscilla Pilon

Depuis plusieurs années, le problème d’accès à internet dans les régions rurales du Canada est soulevé auprès du gouvernement. Plusieurs se retrouvent avec une connectivité limitée ou n’ont simplement pas accès à internet.

Dubreuilville, un village du Nord de l’Ontario de 312 maisons qui aurait la pire connectivité de sa région, vient de se faire promettre un internet haute vitesse en 2021.

Offre de 500 millions $, demande de 3 milliards $

Dans sa mission de réduire l’écart de la qualité d’internet entre les grands centres et les régions éloignées, le gouvernement fédéral a annoncé une subvention de 500 millions $ en 2016. Cependant, le total des demandes de subvention soumises a vite atteint les 3 milliards $.

Le message était clair: les communautés ont grandement besoin d’améliorations sur le plan de leur connectivité.

En page d’accueil du site internet dubreuilville.ca

Le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) a ensuite annoncé une somme additionnelle de 750 millions $.

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Le ministre ontarien du Développement économique, de la Création d’emplois et du Commerce, Victor Fedeli, a promis lui aussi d’améliorer la situation, lors du Colloque sur la qualité et l’avenir des services de bande passante dans les régions rurales et éloignées du Canada, qui a lieu à North Bay en novembre.

Une technologie vieille de 30 ans

À Dubreuilville, l’internet provient de White River par l’entremise d’une technologie de connexion par micro-ondes, créée il y a 30 ans. La qualité de cette connexion se fait de plus en plus pauvre. Les tempêtes et la croissance des arbres nuisent aussi à sa performance.

Pour donner une idée: le village au complet a une capacité de 100 Mo, tandis qu’un seul appartement à Toronto peut en avoir bien plus.

La municipalité de Dubreuilville vante ses activités de plein air et son accès au Mooseback, un réseau de sentiers et de routes pour motoneige, quad et moto menant à Wawa, Hornepayne, Hearst, Missinabie, Hawk Junction, Chapleau et White River.

Aucun fournisseur ne voulait s’aventurer dans l’amélioration d’un service qui ne dessert qu’une fraction de la population. De tels projets  sont très dispendieux et les retombées ne sont pas profitables.

Bell et Xplornet, les deux fournisseurs à Dubreuilville, ne peuvent plus offrir l’accès internet aux nouveaux arrivants, car ils sont tous deux à leur pleine capacité. Ils ne peuvent surtout pas livrer à leurs clients la vitesse mentionnée dans leurs publicités.

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Comment attirer du monde sans internet?

«Il faut comprendre que de nos jours, l’internet fait partie de notre infrastructure. Ce n’est pas juste pour le divertissement, c’est pour l’éducation: les élèves du secondaire ont besoin de suivre un minimum de deux classes sur internet», soulève la mairesse de Dubreuilville, Beverly Nantel.

La mairesse de Dubreuilville, Beverly Nantel

«C’est aussi une question d’attirer et de retenir de nouvelles entreprises. Comment peut-on encourager les gens à déménager à Dubreuilville sans internet ?» enchaîne-t-elle.

La problématique se fait aussi ressentir au niveau de la productivité des employés: d’innombrables minutes sont perdues en raison de la faible connexion.

Cinq municipalités et cinq premières nations

Le Northeast Superior Regional Broadband Network (NSRB), un groupe de cinq municipalités (Dubreuilville, Wawa, Chapleau, Hornepayne et White River) et cinq premières nations (Brunswick House, Chapleau Cree, Michipicoten, Missanabie Cree et Pic Mobert), se sont réunies pour demander un service internet adéquat dans leurs régions.

Le groupe a aussi embauché un consultant, Amedeo Bernardi, qui a visité ces communautés.

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Il a vite constaté que certaines de ces localités étaient déjà branchées à la technologie plus récente de la fibre noire, dont Chapleau et Brunswick House. «C’est comme une autoroute sans bretelles de sortie, illustre la mairesse de Dubreuilville. Avec le projet Lighting it up, nous pourrons brancher ces communautés qui avaient déjà accès sans le savoir.»

Malgré cette découverte, ces deux communautés doivent quand même soumettre une demande de financement à travers le NSRB, car le projet demeure dispendieux.

Ue ligne de fibre optique le long de la 519

Les résidents de Dubreuilville peuvent se compter chanceux. «Nous avons fait une demande auprès du projet fédéral Brancher pour innover et nous aurons notre ligne de fibre optique qui partira de l’autoroute 17, tout le long de la route 519 jusqu’à Dubreuilville, en 2021», se réjouit l’agente de développement économique de Dubreuilville, Melanie Pilon.

L’internet haute vitesse arrivera à Dubreuilville par une ligne de fibre optique qui suivra la route 519.

Le projet, financé par les gouvernements provincial et fédéral, par Bell Canada, ainsi que par la municipalité de Dubreuilville, dotera le village d’un véritable internet haute vitesse.

Du groupe NSRB, seuls Dubreuilville et Brunswick House ont obtenu la confirmation de leur financement. Les autres communautés du groupe et les autres d’ailleurs au Canada ont jusqu’au 27 mars 2020 pour faire une demande de subvention, grâce à la somme additionnelle du CRTC.

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Unir les petites communautés

«Ce que les communautés ont besoin de comprendre, c’est qu’il s’agit d’un processus très compétitif et les petites communautés et Premières Nations n’ont pas toujours les ressources dont ils ont besoin. C’est souvent les communautés qui en ont le plus besoin qui n’ont pas les ressources humaines ou le financement. À Dubreuilville, l’élément clé de son succès était son leadeurship», soulève Melanie Pilon.

«Le message du gouvernement est d’unir nos forces. Il veut voir des régions travailler ensemble et des partenariats incluant les Premières Nations. À Dubreuilville, nous avons seulement 312 maisons, mais dans notre groupe de 10 communautés, nous avons 3000 maisons et 8000 personnes, ce qui rend le cas plus solide», termine Mme Pilon.

Ailleurs en Ontario, d’autres communautés comme Hearst ont déjà reçu un appui financier au cours des dernières années. Ils sont maintenant en mesure de gérer leur propre internet haute vitesse. Cependant, des localités comme River Valley n’ont toujours pas de solution au manque d’accès à internet, une hérésie des temps modernes.

Auteur

  • Priscilla Pilon

    L’Initiative de journalisme local est financée par le gouvernement du Canada et gérée par l'Association de la presse francophone.

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