Bernard Boucher se reconnaît comme un Gaspésien qui vit en Bretagne. De la petite histoire de la Gaspésie du Nord, il a tiré des personnages qui prennent vie dans Anthime et autres récits. À travers vingt textes finement ciselés, il nous transmet ce que les «ressasseurs des vieilles histoires» et «menteurs agréés» ont retenu du temps qui passe.
Le premier récit présente Anthime, «la sagesse incarnée». Cet arrière-grand-père du narrateur est un homme tout en nuances. Le narrateur farcit son texte d’expressions comme «j’imagine, j’extrapole, c’est ma déduction» et «c’est mon interprétation», pour en arriver à conclure qu’Anthime a toujours cherché à «rester fidèle à son moi profond».
Quand le petit-fils demande à grand-père Anthime pourquoi il parle tout seul quand il travaille, voici la réponse qui est donnée: «quant à être contredit par n’importe qui, aussi bien l’être par soi-même». Cela vous donne une idée du personnage éponyme.
Bernard Boucher utilise des expressions assez colorées pour dire des choses assez simples. À titre d’exemple, au lieu de dire «se faire élire député fédéral», il écrit «se gréer une chaise dans une chambre commune».
L’auteur aime émailler son texte de petites réflexions sur un ton pour le moins philosophique. Dans le récit intitulé Babine fleurie, il souligne que «toute la vie tournera autour de ce qu’il y a de plus vinaigré, les relations entre humains». Ou encore: «il n’était pas allé à l’école suffisamment pour apprendre à conjuguer le verbe aimer».
Les récits se déroulent dans le Québec des années 1940-1960, mais certaines mœurs semblent de tous les temps. Le récit Chouclaques met en scène le curé Fleuve qui mêle onction et perversion. Un enfant de chœur dit à l’autre: «Comme ça, y t’a pogné l’cul, toi aussi, pis y t’a demandé de pas l’dire.»