Le romancier Éric Tourville est docteur en biologie moléculaire et son thriller Chimæris regorge de termes scientifiques. Cela m’a parfois paru inutile, mais je dois reconnaître que nous sommes en présence d’un thriller métaphysique et que science et littérature font bon ménage.
Le lieutenant Alex Fremont découvre quatre corps calcinés au phosphore dans une ferme abandonnée du Vermont. Au-dessus de la porte, une étoile rouge à cinq branches. L’autopsie révèle qu’il s’agit de quatre adolescentes, possiblement originaires d’Ukraine. L’enquête indique qu’il y a des traces de sperme sur les lieux. Est-on en présence d’un réseau pédophile? Et où donc est passée la fille de la cinquième cellule?
Fremont ignore que l’étoile rouge à cinq branches, appelée pentagramme ou pentacle, est un symbole majeur de l’occultisme, qui «possède à la fois le rôle de protection contre les puissances du mal et d’invocation des esprits». Or, dans cette affaire, Fremont ne s’est jamais senti aussi «dépouillé de toute protection».
Si ce thriller vous semble plutôt corsé, vous n’avez encore rien vu. Un personnage se souvient avoir lu quelque part que «l’heure la plus sombre vient toujours avant l’aube». En anglais, aube se traduit par dawn et c’est ce nom que porte la fillette évadée. Belle trouvaille. Dawn est muette, mais ses sens sont d’une acuité étonnante et ses capacités cognitives, voire physiques, demeurent surdéveloppées.
L’auteur écrit que Fremont est de nature pessimiste, «c’est une des raisons qui lui avaient fait rejoindre la police». Le père du lieutenant note que leurs ancêtres venaient du Canada français et que leur patronyme s’écrivait Frémont à l’origine, «mais que l’accent avait disparu en traversant la frontière».
Selon Éric Tourville, les mots construisent «des cages d’acier qui permettent de tenir le réel à bonne distance. Alors que les images…» Ces dernières sont souvent brutales, nous donnant «l’impression d’avoir forcé l’arrière-cuisine du Diable».