L’Avare vient clore en beauté la saison du TfT

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Publié 18/04/2006 par Marta Dolecki

«On est à Toronto, la capitale économique du pays. Les gens pensent d’abord à leur compte en banque et, ensuite, à leur plaisir. Alors profitons-en, rions de nous plutôt que de nous prendre toujours au sérieux!» C’est par cette remarque ludique sonnant comme un carpe diem que le directeur artistique du Théâtre français de Toronto (TfT), Guy Mignault, ouvre la voie à la dernière représentation de la saison.

Et l’introduction est propice puisque M. Mignault et ses comédiens présenteront du 19 avril au 6 mai prochain L’Avare de Molière dans lequel un Harpagon aigre, têtu et sans cœur a justement du mal à se détacher de ses préoccupations pécuniaires. Mais comment aborder aujourd’hui une œuvre datant du XVIIe? De quelle façon lui apposer une signature, un regard nouveau d’autant plus que la pièce en question a déjà été jouée des milliers de fois à travers le monde?

Pour Guy Mignault, il s’agit d’abord de dépoussiérer un classique en lui redonnant des couleurs actuelles par le biais d’une mise en scène éclatée et peu conventionnelle. «C’est une gang d’acteurs qui sont là et qui s’en viennent jouer cette pièce, raconte M. Mignault. Les coulisses sont ouvertes et l’on peut ainsi voir aussi bien l’endroit que l’envers du décor», dit-il, prenant soin de ne pas révéler tout le détail du travail qui se fait depuis plus de cinq semaines en coulisses, lors des répétitions.

Mais, à la base du récit, les mots du dramaturge français se prêtaient déjà à une interprétation moderne. «Molière est tellement actuel. Il dépeint les travers des humains par l’excès», renchérit M. Mignault. «Quand on parle de replacer Molière dans un contexte un peu plus moderne, il s’agit juste de retrouver ce qui est humain en nous», ajoute Michel Séguin, un jeune sortant de l’école de théâtre de l’Université York qui, dans la pièce, incarne, un peu à contre-courant, la vieille servante d’Harpagon.

Pour cette nouvelle production de L’Avare de Molière, le metteur en scène, Jean-Stéphane Roy, a voulu conserver une structure formelle qui donnerait son cadre au récit tout en se laissant des libertés dans la manière de jouer le texte. Ce faisant, il s’applique à respecter les principes de la Comedia dell’arte qui suit, certes, des règles précises, mais tire également sa force des joutes improvisées sur scène.

«Le théâtre de Molière tel que nous le connaissons a tendance à être très propre et très posé», avance Glen Charles Landry qui a travaillé sur la scénographie de L’Avare. «Pourtant, Molière s’inspirait plus que tout autre écrivain de son temps de la Comedia dell’arte. Les comédiens arrivaient sur scène et trouvaient toujours un moyen d’ajouter au canevas de la pièce les mœurs de la région. Nous aussi, au travers de ce procédé-là, nous avons tenté de faire référence à ce que nous sommes devenus aujourd’hui.»

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Pièce en cinq actes, L’Avare de Molière raconte les mésaventures d’Harpagon (Guy Mignault) qui aime tant l’argent au point d’en oublier le plus important, à savoir, le bonheur de ses deux enfants, Élise (Mélanie Beauchamp) et Cléante (Sébastien Bertrand). Pendant qu’Harpagon prévoit de les marier à des jeunes gens rebutants mais fortunés, il se réserve en cachette la main de la jeune Marianne (Julie Legal), croyant que l’argent peut lui acheter les faveurs de cette belle orpheline.

Cependant, un drame personnel vient bientôt rattraper le vieillard. Il perd au passage son bien le plus précieux au monde: une cassette qui, dissimulée dans son jardin, renfermait dix mille écus d’or. Harpagon est paniqué. Quiproquos et coups de théâtre se succèdent jusqu’au dénouement final qui montre que l’argent ne fait toujours pas effectivement le bonheur. «Dans L’Avare, il y a beaucoup d’égoïsme. Tout le monde est à la recherche d’un gain. Si ce n’est pas de l’argent, c’est autre chose», fait savoir la comédienne Patricia Moreau. Dans la pièce, elle incarne Frosine, une entremetteuse qui tente d’arranger le mariage entre Harpagon et Marianne.

Assis sur une banquette en avant du théâtre Berkeley, les comédiens de L’Avare sont d’une humeur bon enfant, se prêtent tour à tour au jeu de questions-réponses et plaisantent entre eux.

Dans le rôle d’Élise, Mélanie Beauchamp retiendra des répétitions le sentiment d’avoir partagé une belle complicité. «On bénéficie vraiment d’une très grande liberté en tant qu’acteurs. Nous nous sommes amusés avec la vision du metteur en scène. L’équipe est très soudée, on s’aide les uns les autres… Un peu comme dans une troupe au temps de Molière», conclut-elle dans un clin d’oeil.

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