L’experte des primates Valérie Schoof amène ses étudiant.e.s de Glendon en Afrique de l’Est

Valérie Schoof dans son nouveau laboratoire à Glendon.
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Publié 06/02/2020 par Valentin Blais

Professeure de biologie depuis 2015 au campus bilingue Glendon de l’Université York, Valérie A. M. Schoof est une figure de proue des avancées dans la compréhension du comportement des primates.

Fondatrice du premier et seul laboratoire de recherche en endocrinologie des primates (l’étude des hormones) à long terme entièrement intégré – le Primate Behavioural Endocrinology Lab – la chercheuse a reçu L’Express sur son lieu de travail afin d’expliquer son parcours, ses recherches et surtout son domaine de prédilection: les primates.

Valérie Schoof sur le terrain avec Hillary Tashobya en Ouganda. Photo: Aneta Tasheva (2016)

Plus de libertés, moins de biais

«Mon parcours m’a fait comprendre qu’une bonne partie du travail des professeur.e.s, c’est de faire de la recherche. Je pense que beaucoup d’étudiants ne sont pas au courant que, pour les profs, c’est normalement 40% enseignement, 40% recherches, et le reste pour des choses administratives.»

Avant les primates, Valérie Schoof s’est consacrée à la biologie et à l’attirance chez les humains, à l’Université Queen’s à Kingston.

Rapidement, la future professeure se rend compte de la complexité d’étudier un comportement humain dont elle est finalement un sujet. Face aux biais, aux attentes, mais aussi à la nécessaire utilisation de questionnaires ambigus, Valérie Schoof décide alors de porter son attention sur nos proches parents: les primates non-humains.

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«Je me suis rendue en Louisiane où j’ai trouvé un emploi qui m’a permis de faire ma première expérience avec des singes en captivité.»

«J’ai ensuite poursuivi des études de 2e et 3e cycles à l’Université de Tulane, à la Nouvelle-Orléans, ce qui m’a permis d’étudier les capucins à visage blanc au Costa Rica pendant environ deux ans et demi, puis j’ai eu la chance de travailler dans un laboratoire à l’Université du Wisconsin.»

Valérie Schoof observant un singe vervet en Ouganda. Photo: Aneta Tasheva (2016)

«Anthropologue biologique»

Après avoir fait un postdoc de deux ans à l’Université McGill de Montréal, Valérie Schoof obtient un emploi de chercheuse-professeure au campus bilingue Glendon de l’Université York. Mais alors que les recherches sur les primates couvrent souvent une grande variété de départements, la professeure, elle, se définit de façon pointue comme une «anthropologue biologique».

«J’ai toujours été un peu plus biologie», confie-t-elle, «mais notre département est multidisciplinaire. Donc, pour moi, ça tombe vraiment bien puisque je suis formée comme anthropologue et biologiste.»

«J’enseigne l’introduction aux sciences biologiques en français, ainsi qu’un cours de 2e année en écologie, et un de 3e année sur le comportement animal. J’ai aussi la chance d’enseigner à nouveau cette année un cours sur le comportement des primates et leur conservation. Donc, ce dernier cours est vraiment très axé sur ma recherche.»

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Un laboratoire flambant neuf

Depuis un an, les recherches de Valérie Schoof ont pris une autre dimension à Glendon. Grâce à des fonds investis par l’Université York et le Collège Glendon, elle a créé avec sa collègue Laura McKinnon un laboratoire flambant neuf.

Des fonds obtenus auprès de la Fondation canadienne pour l’innovation permettrons à la Dre Schoof d’aménager le laboratoire avec des instruments permettant la recherche innovatrice.

Ce labo est en effet le seul au Canada doté d’un centre intégré qui examine et le comportement des singes, ainsi que leurs hormones.

Couplé d’un bureau pour les étudiants, le laboratoire permet de faciliter assez largement la collaboration nécessaire entre études comportementales et hormones, même si certains équipements manquent encore.

Valérie Schoof (à l’arrière au centre) avec les étudiant.e.s de York en biologie Karin Snyder (à gauche) and Simon L’Allier (à droite), ainsi que des membres de son équipe du lac Nabugabo en Ouganda: Justine Namuyomba, Matovu Ponsiano et Livingstone Katwere.

Recherches en Afrique

Mais au-delà de ses recherches au Canada, le gros du travail de Valérie Schoof se fait en Afrique, en particulier en Ouganda et au Kenya.

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«À longueur d’année, on collecte des données, on travaille avec des gens de la place qu’on a entraînés, qui apportent aussi leurs connaissances parce qu’ils connaissent tous les arbres locaux.»

«Je m’y rends au moins une ou deux fois par année, pendant environ trois semaines. Il y a plusieurs raisons: assurer la qualité de la recherche et s’assurer que tout va bien, et parfois pour initier de nouveaux projets. Mais aussi, comme mon groupe de recherche a des étudiant.e.s de 2e et 3e cycle, je me rends avec eux et je les forme sur le terrain.»

Ce projet collaboratif avec différents pays d’Afrique est ainsi une formidable opportunité humaine et professionnelle pour les étudiant.e.s de Glendon. Certains étudiant.e.s au baccalauréat ont la possibilité de faire une demande de bourse afin de développer eux-mêmes leurs propres «mini-projets» en Ouganda, avant de publier leurs conclusions dans des revues spécialisées.

Un gelada du Kenya

Analyser les chevauchements des écosystèmes

Au départ, une question a véritablement poussé Valérie Schoof à se spécialiser dans son domaine: «Pourquoi est-ce que les primates sont si semblables, mais ont aussi des différences si importantes, par rapport à nous?»

La professeure de Glendon tente ainsi d’examiner les différents processus écologiques, ainsi que les interactions des primates avec leur environnement, souvent lié à celui des humains. Dans un contexte de crise de la biodiversité où plusieurs espèces sont en voie d’extinction, les chevauchements entre les différents écosystèmes se font de plus en plus nombreux, tout comme les interactions, qui peuvent être positives ou négatives.

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«Dans un nouveau projet financé par les Fonds Nouvelles frontières en recherche, on essaye de comprendre quels sont les coûts et les bénéfices de ces interactions pour les humains et les singes au Kenya et en Ouganda, et comment la perception de ces interactions change dans différentes cultures et dans différents environnements.»

«Par exemple, un des coûts importants, c’est que les primates peuvent manger la nourriture cultivée par les humains, qui est pour certains leur source primaire de nourriture. Ça peut avoir un effet important sur la vie des humains et la perception des risques.»

Dans une quête de bénéfice social réel pour les locaux, mais aussi pour les primates, Valérie Schoof prend ainsi en compte la biologie des singes autant que celle des humains à travers des entrevues répétées avec la population. Le but est de comprendre ce qui a changé, quelles sont les conséquences et comment y remédier pour permettre aux différents protagonistes de rester en sécurité.

Suivez les sites web pour en savoir plus sur sa recherche, le programme de biologie à Glendon, ou les programmes de 2e et 3e cycle.

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