L’expérience de la couleur avec Marc-Aurèle Fortin

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Publié 22/02/2011 par Paul-François Sylvestre

Du 10 février au 8 mai, le Musée national des beaux-arts du Québec présente Marc-Aurèle Fortin: l’expérience de la couleur, première grande rétrospective muséale consacrée à cet artiste depuis plus de 45 ans. Une centaine de peintures, gravures, aquarelles et dessins réalisés sur quatre décennies (1909-1949) sont en montre. Cette exposition sera ensuite accueillie par la McMichael Canadian Art Collection, à Kleinburg, du 28 mai au 11 septembre.

Peintre paysagiste, Marc-Aurèle Fortin a laissé une forte empreinte dans l’imaginaire québécois avec ses compositions mettant à l’avant-plan de grands ormes et des scènes rurales hautement colorées, auxquelles il est généralement associé. L’exposition présente ses vues de Sainte-Rose, de l’île d’Orléans, de Charlevoix, de la Gaspésie et du Saguenay.

Une part moins connue, mais non moins significative, de son travail est aussi exposée: celle des vues urbaines. Elles témoignent du regard attentif qu’il porta aux changements irréversibles qu’opérait la modernité à Montréal des années 1920 et 1930.

Par rapport aux autres arts, c’est la couleur qui définit la peinture. Or, Fortin voyait son art comme une «poésie muette», s’inscrivant ainsi dans la tradition académique. Paradoxalement, son acharnement à faire chanter les couleurs vives le classe parmi les peintres les plus progressistes de sa génération, pendant les années 1920.

Le vert paradis

À l’image du Groupe des sept, Fortin est animé par l’idéal d’un art qui transcrirait l’authenticité du pays, «un art national».

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C’est dans son village natal, à Sainte-Rose au nord de Montréal, et à Pont-Viau que l’artiste trouve les sujets lui permettant d’atteindre son but: les ormes. Il représente ces arbres géants comme les symboles d’une nature toute puissante et il constelle leurs frondaisons de touches impressionnistes. L’Orme à Pont-Viau, peint entre 1925 et 1930, illustre ce qu’il est convenu d’appeler «le vert paradis». En le contemplant, le visiteur est entouré de cinq ou six autres œuvres verdoyantes, toutes aussi flamboyantes qu’énergisantes.

De 1936 à 1948, Fortin sillonne le Québec, souvent pour fuir la chaleur estivale de Montréal. Il entreprend des pérégrinations qui le mènent d’abord à Québec, puis sur la côte de Beaupré et à l’île d’Orléans; il se rend ensuite dans la région de Charlevoix, puis en Gaspésie et au Saguenay. De tous ces voyages, Fortin rapporte des aquarelles en abondance qu’il peint à l’huile dans son atelier, pendant l’hiver.

Dans ces grands tableaux, les couleurs vives éclatent sur des fonds sombres qu’il peint en noir, en gris ou en brun. Le tableau intitulé Saint-Siméon (1938) est un bel exemple du contraste entre le bleu et le gris, une technique qui le conduit à une expression brute du paysage.

Superbe catalogue

L’exposition est accompagnée d’un catalogue de 300 pages, qui permet de renouveler les connaissances sur l’homme, l’artiste et son engagement dans le milieu artistique québécois. Ce livre, illustré de plus de 150 peintures, aquarelles, eaux-fortes et pastels, rend compte de la modernité de Fortin et témoigne des diverses étapes de sa démarche artistique, placée sous le signe de l’exploration et de la liberté.

Le catalogue démontre à quel point Marc-Aurèle Fortin a multiplié les expériences sur la couleur, créant un style singulier qui a marqué l’imaginaire collectif québécois. Signé par plusieurs spécialistes de l’art, cet ouvrage permet de suivre en détail l’itinéraire biographique et esthétique de l’artiste et de saisir toute l’importance de sa contribution à l’histoire de l’art canadien.

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Le catalogue, disponible en versions française et anglaise, est une coédition du Musée national des beaux-arts du Québec et des Éditions de l’Homme; il se vend 49,95 $.

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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